Troisième volet de la série des « Secret Book », l’histoire semble être la relecture de la jeunesse de l’écrivain Fuyo Oguri écrite par lui-même. Il faudrait connaître davantage l’histoire de la littérature japonaise de la fin du XIX, début XX pour en saisir toutes les subtilités et tous les écarts par rapports à l’oeuvre originale. On suit indifféremment Tsuruta-Fuyo ou Muraki, tous deux en kimono, modernes représentants d’une société dépassée par l’ouverture vers le monde occidental. C’est ce moment charnière qu’essaie de saisir le scénario du brillant Yôzô Tanaka et que met en images honorablement Akira Katô avec un soin particulier sur le décor et la bande-son.
Le contraste se fait par petites touches, les costumes, les lieux, les ouvrages, la maladie, les fantasmagories… Elles impactent aussi les femmes, si l’une cède aux sirènes de l’étranger (Tsuneko), l’autre en est la victime indirecte (Kimiko). Le monde de calme et de légendes qu’était le Japon n’est plus le même. Les errances amoureuses des uns et des autres ne peuvent que mal finir.
Akira Katô a trouvé le rythme adéquat à cette histoire très littéraire tirée de l’oeuvre de Fuyo Oguri et a su ne pas forcer sur l’aspect onirique. Sa caméra est fluide, l’image propre et agréable. Les prestations d’Hitomi Kozue, Junko Miyashita, Aoi Nakajima, ainsi que d’Ai Yoshino (la servante de Muraki) sont tout à fait convaincantes dans leur personnage et offrent une plaisante variété des « scènes chaudes ». Mais, rien ne tire le film vers le sublime. Le spectacle est plaisant à défaut d’être passionnant.