Et le prochain Disney sera un film familial sur les joies de la corrida

Je sais que je vais me faire allumer par les ravagés du bulbe avec cette critique, mais bon, ce n’est pas grave, il faut que je reste honnête avec mes convictions, et assumer le fait que cette œuvre Disney m’a beaucoup dérangé pour son hypocrisie. En effet, elle voudrait mettre en avant l'amour des chevaux, par le biais d'un sport qui les maltraite... C'est le gros problème que je rencontre avec ce film.


Secrétariat raconte l’histoire (embellie) de Penny Chenery, non pas une secrétaire dans un cabinet dentaire, mais une propriétaire d’écuries qui mise toute sa réussite sur un cheval présentant des performances hors du commun.


Je vais commencer avec les points que j’ai appréciés: l’histoire est bien présentée, le combat de cette femme pour se faire une place dans ce monde d’homme est très inspirant, c’est ce que j’ai préféré dans le film. Les acteurs sont plutôt satisfaisants, excepté John Malkovich qui fait de la peine à voir tellement il est mauvais.


Les défauts ne manquent pas, le rythme est lent et long, l’ambiance sonore est monotone et sans nuance, la mise en scène est standard, et la photographie est quelconque (là où elle aurait pu et dû être excellente). Le film dans sa généralité donne aussi l'impression d'un téléfilm de l'aprés-midi sur M6.


Bon, entrons dans le vif du sujet. J’ai détesté ce film pour sa complaisance à l’égard de ce sport désastreux. En même temps, je ne suis pas innocent à ce point et je me doutais bien qu'il serait une déclaration d’amour à l’équitation. Mais jusque là, j'ignorais encore que je n'aimais pas ce sport à ce point-là et je remercie le film d'avoir attiré mon attention sur un problème que l'on déconsidère, surtout lorsqu'on le compare à d'autres maltraitances animalières de masses (qui bien évidemment ne s'arrête pas aux portes de nos abattoirs).


Certes, l’histoire démontre et affirme très bien à quel point les chevaux sont poussés dans leurs retranchements, jusqu’à risquer l’arrêt de leurs pauvres petits cœurs à bout de souffle, et sur ce point, le film ne s'esquive pas. C'est déjà pas mal. Mais peu importe, car au final, il m’a servi plus de peines que d’amour, plus de hontes que de respect, et plus d'horreurs cachées sous les beaux atours de l'oeuvre. Pour tout vous dire, j’ai même trouvé le contexte à vomir. Raconter l'histoire de cette vieille femme qui sauve son patrimoine et fait fortune en poussant un cheval aux frontières de la crise cardiaque, c'est un peu osé et franchement répugnant à mon gout.


Alors je vous vois arriver, vous les « passionnés » des chevaux, avec vos grandes bottes et vos éperons, « Ah non ! mais les chevaux de courses ne sont pas en souffrance, ils sont chouchoutés dans leurs box toutes la journée, nettoyée, soignée, nourrie, blablabla... ». Vous savez quoi, je vous invite à fermer vos gueules, ne perdez pas votre temps, gardez votre hypocrisie pour vous, je suis un convaincu et vous ne me ferez pas changez d'avis, je défends la vie, et vous défendez le pognon, à chacun son truc. Alors, inutile de laisser un commentaire si vous ne partagez pas mon avis. Ceci est ma critique, et chaque avis est subjectif, aussi j'ai le droit de dire ce qui m'a dérangé dans une oeuvre. Alors ne venez pas m’apprendre la vie, d'autant plus que je connais très bien mon sujet, et je sais que si, bien sûr, les chevaux de courses sont bichonnés comme des stars, ce n’est que pour mieux les faire souffrir durant les courses abjectes où des hommes leur font subir un stress criminel sur l'autel du grand Dieu Pognon. Je trouve ça abject, au même titre que les corridas (mais là en l’occurrence, ce n’est pas le sujet).


Je dois dire que le film, dans son intensité dramatique et son émotion, a réussi son coup, et m’a presque embarqué avec lui. Effectivement, l’histoire de cette femme est extraordinaire, et je me suis raccroché à elle pour oublier la dimension maltraitance animale de cette grande mascarade qu’on appelle course de chevaux. Aussi à la fin du film je suis allé voir sur internet à quoi ressemblaient les morts de chevaux durant les courses, les collisions, les blessures, et toutes ces souffrances engendrées par ce sport de bourgeois affligeant. Et le film a malgré lui éveillé ma conscience, en ayant l'effet inverse, parce que jusqu’alors je me concentrais sur des sujets que je trouvais plus urgents... Saviez-vous que 135 chevaux de compétition ont trouvé la mort en pleine course épique durant l’année 2019 ? Et je ne parle même pas des chevaux éreintés qui meurent prématurément une fois les courses achevées, je parle des morts subites, des crises cardiaques, de ces chevaux qui s'effondrent sous les yeux des spectateurs. Saviez-vous également que lorsque l'une de ces bêtes se blesse, en se cassant une patte, et que cela met naturellement fin à sa carrière, on l'euthanasie sur place, afin de mettre rapidement fin à ses souffrances, mais surtout parceque le cheval perd toute sa valeur financière. Cela remet un peu les pendules à l’heure, vous ne trouvez pas ? 135 chevaux en 1 an. Tout d'un coup ce sport nous apparait tout à fait moins honorable. Je dirais même que c'est une honte. Ces chevaux meurent parce qu’ils ont été cravachés, persécutés, poussés à bout…


Bref, la conclusion coule de source, si on aime les chevaux on n’aime pas les courses, c'est un fait. Donc l’argument de dire: "oui, mais ils sont bichonnés, tu ne sais pas de quoi tu parles... " c'est de la merde, de la poudre aux yeux, puisqu’au final, ces bêtes aussi choyées sont-elles, sont placés dans des conditions de risques extrêmes, et dans un stress qui n’a rien, mais vraiment rien, de naturel pour elles. Nous assistons juste au spectacle d'hommes voulant faire fortune sans se soucier des dommages collatéraux. Aussi les chevaux ne peuvent pas être considérés comme des sportifs étant donné qu'ils ne peuvent pas nous dire explicitement qu'ils souhaitent participer à ses courses, au risque de se tuer, on est d'accord.


Je n’ai pas aimé ce film parce que malheureusement son contexte me fait perdre foi en la nature humaine. Aussi c’est un film sur le sport, mais moi, je l’accueille comme un drame. Car c’est bel et bien un drame que les hommes doivent se réjouir d’une telle success-story, d’un tel spectacle, d'une telle souffrance. Applaudiriez-vous une personne qui fait fortune avec des combats de chiens, ou en faisant des massacres de phoques ? En tout cas, nous avons au moins la décence de ne pas faire de films élogieux sur ces sujets abominables, alors je me demande pourquoi un tel film ne semble indigner que moi ? S’il existait le même film sur le monde de la corrida, mettant en scène un torero faisant fortune en embronchant des bêtes sanguinolentes, cela soulèverait une vague d’indignation compréhensible, mais là, nous applaudissons la souffrance de ces chevaux, qui plus est, défendus par Disney. Ça me dégoute.


Arrêtons avec l'exploitation des animaux, surtout lorsqu'elle n'est pas nécessaire, et avant tout lorsqu'elle implique un sport (ou un divertissement). Franchement est-ce que tout ça vaut la peine. N'avons nous aucune empathie pour ne pas réussir à nous situer à la place de ses animaux. Ne partageons pas de telles valeurs dans un film familial, faisons plutôt des films qui dénoncent cette industrie cancéreuse de l'humanité, afin qu'à l'avenir la société évolue dans de bonnes moeurs, honnêtes et respectueuses, car des hommes qui ne respectent pas la vie, quelle qu'elle soit, ne se respectent pas eux-mêmes.

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le 7 sept. 2021

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Casse-Bonbon

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