Gloire à la remasterisation qui a permis à ce film de guerre méconnu de sortir dans une version Blu-Ray avec des sous-titres français. Une édition sortie le mois dernier soit quelque 12 ans après sa sortie sur les écrans américains mais mieux vaut tard que jamais.
Il a changé de titre au passage pour devenir "Section 44" dans la langue de Molière mais on va se forcer à penser que c'est un détail et que "A midnight clear" c'est pas si bien que ça finalement.
Là encore, il s'agit d'un film que je regrette que les gens n'aient pas eu la possibilité de découvrir en salle.
Il fait partie selon un sondage d'un magazine américain des 50 meilleurs films deu guerre et j'avoue qu'il figure en bonne position dans ma liste personnelle sur le thème.
L'aurais-je vu si Ethan hawke Hawke n'avait pas été en haut de l'affiche ?
Un jour peut-être mais il est sûr que je n'aurais pas effectué les mêmes démarches pour me le procurer sans ça et j'aurais laissé le hasard faire les choses afin de nous mettre lui et moi en relation.
Bref, ce n'était pas gagné d'avance.
Nous sommes en décembre 1944 en France, dans les Ardennes, proche de la frontière avec l'Allemagne. La guerre dure depuis trop longtemps et c'est bientôt Noël.
Le film s'ouvre sur une bâtisse, un paysage de neige dans la forêt déserte et remplie de sérénité. Une sérénité tout à coup brisée par un cri. Un cri animal, viscéral, qui vient d'un trou dans lequel sont planqués deux hommes. L'un deux (Gary Sinise) se met à courir pour faire retomber la pression. La voix off, celle du narrateur se fait entendre et explique...
"Je suis sergent. Je n'ai rien fait pour le devenir, juste rester en vie... Je ne sais pas dans quel pays nous sommes quel jour ni quelle heure il est. Je ne me rappelle même plus mon nom. Vous allez voir qu'ils vont me bombarder général"
Un groupe de jeunes américains faisant partie de l'armée régulière, non des engagés volontaires, doit mener une action de reconnaissance suite à la disparition d'une troupe. Devant s'installer dans la maison vue dans le plan d'ouverture, les américains se retrouvent face à un groupe d'allemands. Cette unité de la Wehrmacht, pas des nazis, isolée du reste des troupes se dit prête à se rendre plutôt que d'aller à la mort. Là entre les frères ennemis se joue une mise en scène qui va créer des liens d'amitié, de fraternité entre ces jeunes perdus au milieu de nulle part et loin de leurs attaches. Un faux semblant, une amitié que certains prendront au sérieux car oui, pour certains l'amitié n'est pas un jeu, une parole donnée n'est pas du vent et compte.
Keith Gordon a adapté le roman de William Warthon et l'on sent à travers la voix du narrateur (William Knott alias ethan Hawke) que la guerre change les hommes qui la font à jamais. Les jeunes gens qui sont là ont besoin de se créer des liens qu'ils ont perdu pour ne pas se sentir complètement isolés. Le film va plus loin que le simple film de guerre américain avec les quotas ethnique obligatoire. Ainsi les surnoms de certains soldats montrent que la section devient une nouvelle famille. Ainsi Gary Sinise est surnommé "Mother" et Frank Whaley "Father". C'est d'ailleurs au cours du tournage de ce film qu'Ethan et Frank Whaley deviendront amis. Ce qui leur permettra de tourner le magnifique Joe The King et l'introuvable The Jimmy Show ensemble.
En lisant le synopsis, il est facile de penser à l'histoire connue du Joyeux Noël de Carion mais au delà d'une parenthèse enchantéedue à la magie de la naissance du Christ et d'une fraternisation de circonstance, A Midnight Clear va plus loin que ça.
Le patriotisme s'oppose à l'humanisme, la solidarité de troupe à celle de l'être humain.
A travers des plans très travaillés, le réalisateur fait passer un message universel qui habite pendant longtemps.