Donnez-lui ma peau
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Habitué des films politiques qui tapent là où ça fait mal, Costa-Gavras frappe un grand coup avec Section Spéciale en s'attaquant à ce qui demeure sans doute les heures les plus honteuses de notre histoire en racontant comment le régime de Vichy a mis en place des juridictions d'exceptions destinées à juger de prétendus terroristes à base de procès truqués d'avance, rompant ainsi avec tous les principes fondateurs de l'Etat de droit, dans le but de devancer l'occupant dans la répression à tout va. La reconstitution de l'époque est absolument remarquable, que ce soit visuellement mais aussi par la qualité du scénario. Le film montre bien comment Pétain (qui reste constamment dans l'ombre) et ses plus proches ministres manipulent politiques, hauts fonctionnaires et magistrats en travaillant sur leur fibre patriotique, leur sens de l'Etat et du devoir et leur haine de l'occupant allemand hérité des guerres passées pour mettre en place un régime autoritaire et répressif, réalisant ainsi le fantasme contre-révolutionnaire encore profondément ancré dans une certaine aristocratie. Devant une telle reconstitution de l'époque, les critiques envers les prétendus « gros sabots » de Costa-Gavras semblent non fondées comme le montre aussi le personnage de Jacques Perrin, avocat idéaliste qui s'insurge contre cette parodie de justice mais reste convaincu jusqu'au bout que le maréchal ne peut pas avoir consciemment approuvé cette section spéciale. On voit bien ainsi comme le vainqueur de Verdun a su capitaliser sur son prestige militaire pour mettre sournoisement en place son régime collaborateur.
On pourrait toutefois craindre que le côté très dialogué et parfois répétitif en apparence (les procès successifs de la dernière partie) du film ne finisse par lasser. Il n'en est rien grâce à l'impressionnante galerie de caractères qui nous est présentée. Le film ne tombe jamais dans le manichéisme mais montre comment l'étau se resserre progressivement sur des personnes qui ne peuvent rien faire pour l'arrêter. Ainsi, si certains magistrats ou fonctionnaires se scandalisent de la nouvelle loi votée en catimini, aucun ne pourra arrêter ce qui est en train de se passer et, pire, certains seront contraints de collaborer à cette supercherie.
Une autre grande qualité du film est son casting, composé de toutes les tronches du cinéma français de l'époque, qui parvient à faire exister chaque personnage, même ceux que l'on voit le moins longtemps à l'image des accusés qui sont tous immédiatement attachant (mention particulière à Yves Robert et Bruno Crémer).
http://www.bekindreview.fr/forum/critiques/topic6419-45.html#p831122
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Créée
le 9 févr. 2016
Critique lue 275 fois
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