Le postulat de cette comédie romantique (et tout le marketing qui va avec) fonctionne sur l’aspect peu probable qu’une femme comme Charlize Theron puisse tomber amoureuse d’un homme comme Seth Rogen. C’’est cependant ce qui casse avec un peu et à raison les diktats superficiels édictés par Hollywood pour ce type de films. Un détail qui fait tout le sel du film y est ajouté : elle est candidate à la présidence des Etats-Unis et lui simple journaliste. Il faut certes accepter le côté de conte de fées et les nombreuses invraisemblances qu’une telle proposition de scénario autorise. Ce n’est pas tant sur le côté physique que l’on est perplexe, ce serait être obtus, mais sur la possibilité qu’une grande dirigeante américaine puisse s’amouracher d’un quidam dans la vraie vie. Le script joue néanmoins très bien de ça et plonge un peu dans les arcanes de la communication politique et de l’image très contrôlée que doit renvoyer une personnalité publique dans ce domaine, entre comportement en public régi par des sondages et agenda chronométré à la minute.
D’ailleurs « Séduis-moi si tu peux » a beau être une comédie romantique, cela ne l’empêche pas d’écorcher intelligemment les petits arrangements douteux dans les hautes sphères de ceux qui nous dirigent. Alors c’est évident que l’on n’est pas dans un film d’Oliver Stone, mais c’est plutôt bien vu d’apporter un peu de fond, un regard quelque peu critique sur le fonctionnement du monde politique américain et un point de vue marqué, clairement progressiste et démocrate ici. Quant à l’osmose entre le couple d’acteurs principaux, elle est totale. Charlize Theron est rayonnante dans cette comédie et prouve qu’elle sait aussi être très drôle. On lui doit la meilleure scène du film, le gros éclat de rire dont on se souviendra à la sortie de la salle : lorsque les deux personnages prennent des drogues puis font la fête incognito et qu’elle doit gérer une situation de crise dans la foulée: à mourir de rire. D’ailleurs, le long-métrage comprend quelques excellents gags mais s’avère aussi réussi sur le versant romantique, avec quelques jolis moments. On a envie qu’ils se mettent ensemble et on finit par y croire le temps de la projection, de ce point du vue c’est donc réussi.
Après, le premier quart d’heure avant que les personnages se rencontrent et un peu fastidieux, lourd et bavard et « Séduis-moi si tu peux » aurait pu faire un quart d’heure de moins. A noter aussi que les seconds rôles avaient du potentiel mais qu’il n’est pas toujours exploité, surtout que c’est souvent une excellente réserve d’humour dans les comédies romantiques. Le personnage de l’assistante de la candidate, Maggie, joué par June Diane Rapahel est bon mais pas forcément drôle, quant aux autres seconds rôles ils sont soit trop figuratifs, soit pas vraiment utiles ou comiques (O’Shea Jackson Jr.), même si le coming-out républicain de ce dernier est plutôt bien trouvé. La trame narrative reste dans les clous de ce genre si balisé qu’est la comédie romantique mais l’originalité du contexte permet de passer outre. Surtout que ledit contexte est bien exploité. C’est donc plutôt mignon à maintes reprises, on rit souvent et l’alchimie à l’écran entre ces deux acteurs, plutôt incongrue à priori, fait le reste. Un film cousu de fil blanc et loin d’être inoubliable mais plutôt sympa et loin d’être bête malgré quelques traits d’humour gras bien américains.
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