Ce film n'est pas un film de SF, si c'est ce que vous souhaitez voir passez votre chemin. Ou plutôt, ce n'est pas qu'un film de SF. On a là un film sensible et intelligent, dur surtout, qui dans un contexte de violences policiers racistes pose une question : que ferait une fille noire si elle pouvait remonter dans le temps ?
On suit donc Claudette, jeune fille brillante et visiblement passionnée de nouvelles technologies, qui vit dans le Bronx. Avec son ami Sebastian, elle va inventer une machine à remonter le temps. Pas de hard SF, d'explication logique à leur découverte. Ici l'invention, et la touche SF, sert à le propos social et politique, il est un instrument. Car ce qui au départ était une simple prouesse pour revenir 5mn en arrière devient un enjeu crucial pour empêcher le meurtre raciste de son frère. Et le pire, à partir de là, ne fait que croître face à cette jeune fille désespérée.
On a l'estomac noué d'impuissance pendant la majorité du film. De notre place de spectateur on sait, et on regarde le film se dérouler en sachant pertinemment la répétition de la douleur. La fin est d'ailleurs brillante, j'ai beaucoup aimé.
Et on a aussi en filigrane la notion de deuil, cette course effrénée contre le deuil auquel on ne veut pas faire face, et l'impossibilité de donner du sens aux événements.