Enfin un film qui embrasse aussi bien l'ensemble des tensions que les espoirs que traversent un peuple en pleine mutation. Là ou les réalisateurs chinois estampillés en Europe décrivaient la violence de la déshumanisation des grands projets et des transformations des territoires. Ce film se situe au coeur d'un système de dépassement celui de la famille.
C'est un système dur où les parcours des individus et notamment des épousailles est encore lié aux négociations intra-familiales.
On comprend que la volonté de repentir d'un des frères s'enchasse dans sa position dans le groupe. Qu'elle est possible par la relation spécifique qu'il a toujours eu avec la mère. L'enjeu est montré et il va lui même se démener pour retrouver une place auprès d'elle. Mais rien n'est dit en ces termes, tout semble être discuté sur un plan moral et pratique avec ses autres frères. Il y a bien une sagesse dans ces grands principes mais elle montre bien la famille comme coeur d'un système qui contrôle chacun de ses membres avant de pouvoir s'adapter à sa spécificité. Si bien que la psychologie et les altermoiements individuels, s'ils traversent tous nos personnages sont des impensés ou au moins du non verbalisé.
Un système où la volonté de développement passe sans embage par l'argent. On passe beaucoup de temps à ramener le relationel et les espoirs de chacun à l'enjeu d'un futur enrichissement.
Ces étonnements sont la force du film. Nous confronter à notre propre limite de compréhension des valeurs chinoises.
Nous montrer par un cycle du fleuve l'éternel retour. La famille est une force qui tient au long cours et si elle tranche dans les désirs de chacun, elle a une capacité de pardon. Chaque membre travaille à son adaptation aux moeurs, aux changements urbains et aux violences extérieures. Il y a aura toujours l'amour d'un des membres qui va travailler à la réintégration de l'autre, participant ainsi globalement à une résilience au long cours.