Bon alors commençons par les bonnes nouvelles, cette sorte de biopic limité est plutôt efficace, prenante, et surtout l'acteur principal David Oyelowo ne manque pas de charisme pour interpréter une si grande figure historique et donne beaucoup de force aux discours qu'il prononce.
Là où c'est plus problématique, c'est la gestion du fond et de la forme par le cinéaste, et c'est un problème récurrent dans tous les films démagogiques (ou à oscars) américains, la représentation de la violence sur fond historique. Comment un film se prétendant - se criant même - sérieux peut-il esthétiser et embellir avec une pseudo élégance une violence qui fut réelle, qui fut dommageable, qui traumatisa tout un peuple, lorsque son ambition est de dénoncer, souligner un problème historique toujours d'actualité ? C'est du voyeurisme, de la perversion, de l'idiotie. Pareil lors de la scène finale, où le cinéaste évoque le destin de tous les personnages, en soulignant bien les malheurs qui arrivent au gouverneur George Wallace qui a refusé d'encourager la fin de la ségrégation. Objectif de ce passage : faire applaudir le spectateur, lui donner une sorte de catharsis pour défouler sa haine sur ce vilain politicien odieux, lui donner envie d'applaudir. N'est pas Tarantino qui veut, et quand un film se donne une allure officielle, une valeur historique, une résonance politique, on ne se permet pas cette crasse perverse qui permet d'exalter les cris de haine du spectateur moyen. Dommage.