Un temps envisagé sous la direction de Steven Spielberg, Spike Lee, Michael Mann et surtout Lee Daniels, le scénario de Paul Webb, revenant sur les marches de Selma en Alabama menées par Martin Luther King en 1965, prend finalement vie par le biais de la cinéaste Ava DuVernay.
Blindé de récompenses, Selma se concentre avant tout sur ces événements ayant marqué la lutte pour les droits civiques, soucieux de proposer un récit documenté mettant à jour les difficultés rencontrées et surtout les violences et les intimidations qui eurent lieux. Le film ne rechigne pas à montrer toute la tension et la haine qui caractérisèrent ce moment, ce qui constitue la principal qualité d'un long-métrage bien trop didactique.
Nourri de bonnes intentions et carré dans sa mise en scène, Selma peine malheureusement à atteindre l'émotion tant désirée, s'apparentant davantage à un exposé appliqué qu'à un pur film de cinéma. La faute principalement à un script enchaînant bien trop mécaniquement les séquences importantes et survolant forcément beaucoup d'aspects (la rivalité entre King et Malcolm X est réduite à une pauvre scène et la mort de ce dernier est tout juste évoquée), tout en oubliant de construire de véritables personnages, ici bien trop écrasés par leur rôle dans notre histoire.
Constitué d'acteurs peu connus pour les rôles principaux et d'autres plus confirmés pour les plus modestes, le casting fait le boulot, même si aucune prestation ne parvient à sortir du lot. La participation de têtes bien trop connues (Oprah Winfrey en premier lieu), aurait d'ailleurs tendance à nuire à l'ensemble, même si leur composition n'est absolument pas à remettre en cause.
A partir d'un sujet fort et passionnant, Selma n'arrive malheureusement pas à être autre chose qu'un simple cours d'histoire, aussi agréable soit-il. Bien que soigné dans sa mise en images, à laquelle il convient d'ajouter une très belle bande originale, il demeure bien trop scolaire et dénué de nuances pour convaincre totalement.