Comédie de Jean Boyer tournée en 1957 avec en rôle titre Fernandel.
Les résumés que j'ai pu lire traduisent factuellement que Fernandel joue le rôle d'un comédien, Sénéchal, pas très bon voire même très mauvais, qui s'illusionne sur lui même , qui est en gros un boulet pour la troupe qui l'emploie et est confiné aux tournées minables en province. Un jour, n'ayant pu se changer, il reste avec un uniforme de capitaine de la légion et, naturellement, réussit à donner le change avec un vrai colonel, etc ... etc
C'est factuel, c'est très vrai sauf qu'on oublie l'essentiel , c'est que ce film est aussi une réflexion, sous des aspects comiques indéniables et même hilarants, sur le métier de comédien et sur les métiers en général qui sont en définitive toujours des comédies qu'on pourrait traduire par "on ne parle jamais aussi bien de ce qu'on ne connait pas" .
Sénéchal (Fernandel) se rend compte en effet qu'il est bien plus crédible dans le "théâtre de la vie" que sur scène et qu'il lui suffit finalement d'endosser le bon costume pour tromper avec succès un colonel, des diplomates, le directeur du Quai d'Orsay, une bande de malfrats, un médecin etc...
Sénéchal, comédien minable (pour ses collègues) ou comédien hors norme qui est mal employé ? Alors qu'il développe, naturellement, un bagout pas possible pour se sortir des situations piégeuses tendues par ses interlocuteurs dans la vraie vie, il peine à retenir les petites répliques pour une pièce de théâtre.
On y trouve aussi pêle-mêle un regard ironique sur la vision d'un auteur d'une pièce et sur le succès attendu .
Justement, lors de la représentation d'une pièce "d'auteur" où Sénéchal n'a qu'un petit rôle, une malencontreuse extinction de voix le fait complètement improviser son rôle en rôle muet et très gestuel (c'est Fernandel !) entrainant l'adhésion du public alors qu'il sabote tous les autres rôles de la pièce. Evidement, il se taille la part du lion dans le succès de la pièce au grand désespoir des auteurs et des autres comédiens qui s'estiment trahis. Mais voilà, ce qui prime ce n'est pas l'égo de l'auteur, c'est le jugement du public.
Le film est un exercice de style qui comme tous les exercices a ses limites. mais le ton général du film est tellement réjouissant qu'on ne peut qu'apprécier les rôles de composition de Fernandel.