Senna, c'est plus fort que toi !

Comme son nom l'indique, nous avons là un documentaire portant sur la vie, brève, mais intense, d'Ayrton Senna, triple champion du monde de F1, et dont les qualités dans et en-dehors des paddocks furent indiscutables.

Narré de manière chronologique, le film est uniquement constitué d'archives, des débuts de Senna dans le milieu du karting, où son talent faisait déjà des étincelles, jusqu'au tragique incident d'Imola, survenu le 1er Mai 1994. Les témoignages sont nombreux, sa sœur, son médecin, ses coéquipiers, mais leur présence est uniquement orale, ce qui laisse parler les images, souvent d'une grande force.

Bien entendu, qui dit Senna, dit Alain Prost, et une large part du documentaire revient sur leur rivalité, d'abord dans la même équipe, puis en tant que concurrents, dont on peut pas dire que le Français en sort embelli. Il est peut-être présenté à tort comme le méchant de l'histoire, mais là aussi, on a des images qui prouvent leurs ententes, leurs discordes en tant que pilotes, mais Prost gardera toujours une grande estime pour son rival, à tel point qu'il aidera à porter son cercueil lors de ses obsèques, et qu'il participera à la Fondation Ayrton Senna créée en 1995 pour aider les enfants brésiliens.

Le pilote ne cachait pas sa croyance envers Dieu, et il est vrai qu'il ressort de cet homme une figure presque angélique, portant de l'espoir à un pays, le Brésil, qui subissait une terrible crise économique. A ce titre, sa première victoire au Grand prix de son pays a quelque chose de touchant ; blessé à l'épaule, il va se surpasser, surmonter un malaise pour offrir cette course aux siens. Avec une belle image de vainqueur meurtri soulevant sa coupe à bout de forces.

Senna étant assez bavard, il s'exprimait régulièrement sur l'avenir de la F1, l'arrivée de l'informatique, les risques du métier, dont il verra Roland Ratzenberger se tuer sur la piste d'Imola la veille de sa propre disparition. D'ailleurs, les coïncidences au moment de sa mort son étonnantes ; choqué par la mort du pilote autrichien la veille, il envisageait de ne pas prendre la course, ce dont son médecin l'engageait à faire, lui donnant même l'idée de tout arrêter, auréolé de son prestigieux palmarès. Chose qu'il ne pourra (et non voudra) pas faire. Guidé par Dieu ?

De par la disparition tragique du pilote, survenue à seulement 34 ans, le documentaire est souvent émouvant, et rappellera sans doute des souvenirs à ceux qui ont vu le fameux accident, un dimanche de Mai 1994...