Qu'il est vital de donner son amour à quelqu'un qui n'en est pas indigne

Senso ou les aveuglements et égarements de la passion amoureuse.
Le film, malgré les problèmes rencontrés par Visconti avec la censure italienne peu avant sa mise en exploitation, est une merveille tous azimuts :
- mise en scène, photographie et couleurs (bien que le film date de 1954) d'une enivrante beauté,
- brillante construction du scénario (malgré une ou deux inexplicables "ellipses" ou incohérences),
- reconstitution tout à fait impressionnante de la bataille de Custoza (où les Autrichiens l'emportent sur l'armée italienne) et remarquables mouvements de caméra pour la filmer,
- enfin, interprétation éblouissante d'Alida Valli dans le rôle de cette grande aristocrate italienne trahissant les siens (son mari, sa famille, son pays) pour l'amour d'un officier autrichien veule, menteur et lâche qui précipitera, par dégoût de lui-même, la catastrophe finale.
Seul bémol d'importance : le jeu outré et le physique assez quelconque de Farley Granger (Marlon Brando, premier choix de Visconti pour le rôle, aurait bien mieux convenu), peu crédible dans la peau de l'officier dont les charmes ravageurs font perdre la tête à une comtesse Serpieri / Alida Valli magnifique et même quasi sublime dans la dernière séquence où, génialement mise en scène, elle erre, chancelante et égarée, le long des remparts de la ville (occupée par l'armée autrichienne), enveloppée dans une longue cape sombre qui la fait ressembler à une sorte de gigantesque et tragique chauve-souris.


Conclusion. Un grand film romantique, mélodramatique et flamboyant, annonciateur du style viscontien et des quelques chefs d'oeuvre que le maître italien a offert au Septième Art. Un opus incontournable.

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le 2 mai 2020

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Fleming

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