Mon dieu quelle médiocrité !
Sorti sur Netflix au début du mois, Sentinelle est le nouveau film de Julien Leclercq, à qui l’on doit des films de gros bras, notamment le retour de Jean-Claude Van Damme dans Lukas en 2018, ou bien le film Braqueurs deux ans plus tôt.
On démarre ici sur un ton très américain, avec une opération syrienne qui tourne mal pour un bataillon français. Klara, interprète de l’Armée Française, perd brutalement son équipe, lors d’une attaque kamikaze. Une bombe portée par un enfant, une séquence montée avec une telle rapidité qu’elle nous laisse totalement extérieure à l’enjeu. En comparaison, et bien que fortement décriée lors de la sortie du film, la scène de l’enfant dans Sniper de Clint Eastwood (scène qui sert d’ailleurs de bande annonce au film) était d’une toute autre intensité et d’une toute autre maîtrise émotionnelle !
On retrouve notre Krara, ébranlée, mutée à Nice dans une brigade de l’Opération Sentinelle, ces patrouilles Vigipirate à la suite des attentats.
Immédiatement, ma première réaction – qui m’a aussitôt sorti du film – a été : « Quoi, et on donne des armes à des soldats aussi instables ?! ». Après un tel choc traumatique, et avant même de commencer tout suivi psychologique (on nous montre une scène où le médecin militaire prescrit à Klara des séances chez un psychologue), la première chose qu’on fait est de la renvoyer en patrouille, une mitraillette entre les mains… Alors qu’il est clair pour ses supérieurs qu’elle va mal, qu’elle se défonce aux drogues, et bientôt qu’un nouveau drame familial survient avec le viol de sa sœur. Personne ne se dit que ce n’est finalement pas une si bonne idée de la laisser faire joujou avec des armes à feu… Et après on s’étonne de débordements et de tragiques bavures policières et militaires !
Passé cette surprise, il nous reste un film excessivement mauvais. Sentinelle est écrit avec les pieds : vendu comme un rape & revenge, sous-genre cinématographique extrêmement poncé - dont je retiens notamment le très bon Revenge, premier film français réalisé par la talentueuse Coralie Fargeat, sur une intrigue élaborée à l’atelier scénario de la Fémis –, le viol de Tania, la sœur de Klara, par de méchants russes, n’arrive qu’après une demi-heure de film !
Pour un long métrage qui en fait 1h20, c’est un peu long comme mise-en-place !
Tout dans le jeu, dans les rebondissements de l’intrigue, et dans les dialogues, sonne creux. Jusqu’au synopsis du film, qui ne prend même pas la peine d’être écrit dans un français correct : « Klara qui a trente-trois ans. Elle est interprète dans l’Armée Française. […] ».
Quant à la scène finale à Dubaï, elle est tellement expédiée que toute la séquence en devient risible.
Le principal intérêt du film réside dans la présence d' Olga Kurylenko, en Sentinelle fragile psychologiquement mais badass dans la bagarre. Malheureusement, c’est le seul point positif, et c’est trop peu.
Que de tels naufrages trouvent leur place sur une plateforme comme Netflix n’a rien d’étonnant : avec un minimum d’action, le film n’est rien d’autre qu’un « contenu », destiné à occuper l’esprit de « consommateurs ».
Rien à garder, tout à jeter.