C'est un film inexistant et je vais vous dire pourquoi. C'est un film inexistant parce que le film devrait être tourné aujourd'hui sans la moindre censure. Ce fut un film embarrassant à faire. À moins que le mari, demeuré seul à New-York alors que sa femme et son fils sont partis pour l'été, n'ait une aventure avec la jeune fille , il n'y a rien. Mais vous ne pouviez pas le tourner ainsi à l'époque. J'étais donc comme dans une camisole de force. Rien n'a fonctionné et la seule chose que je peux dire est que j'aurais aimé ne l'avoir jamais tourné.
Ces paroles sévères ont été prononcées par Billy Wilder lui-même alors qu'il parlait de son film Sept ans de réflexion, dont l'intrigue s'inspire d'une pièce de théâtre dans laquelle un homme trompe son épouse avec sa jeune voisine. Au début, Wilder voulait retranscrire fidèlement cette histoire mais, alors que la production était lancée, il déchanta bien vite lorsque le Bureau de censure Hays s'opposa à ce que le héros du film commette l'adultère. On peut aisément imaginer que cela dû provoquer chez le réalisateur un certain énervement, lui qui avait toujours eu l'habitude de contourner, avec succès, le code Hays en traitant pourtant de thèmes sensibles (le meurtre dans Double Indemnity, l'alcoolisme dans Le Poison, etc...).
Hélas, dans ce cas-ci, la censure refusa le moindre écart et ce, même si l'adultère n'était mentionné que de de manière allusive et subtile ( Wilder voulait que l'on trouve une épingle à cheveux appartenant à Marilyn dans le lit du héros pour que le public comprenne que les deux personnages avaient eu une relation sexuelle).
C'est donc cette série de mésaventures qui conduisit Wilder à nourrir tant d'animosité envers le film. Pourtant, cette interdiction de la part du Bureau Hays permit au réalisateur d'explorer d'autres horizons plutôt intéressants. Tout d'abord avec le personnages principal qui, ne commettant pas l'adultère, se retrouve continuellement frustré et s'invente alors mentalement des histoires dans lesquelles il serait un Don Juan irrésistible auprès de la gente féminine. Ces scènes imaginaires constituent sans aucun doute l'un des ressorts humoristiques les plus drôles du film, certaines se transformant en pastiche de films ou de programmes télévisés. De plus, Wilder parvient, avec tout le cynisme qu'on lui connaît, à dresser le portrait d'une société qui, derrière sa bonne morale et ses principes, ne pense continuellement qu'au plaisir de la chair.
L'un des autres points forts du film réside tout simplement dans la présence de Marilyn Monroe. Livrant un véritable hymne en l'honneur de celle-ci, Wilder parvient à donner à la célèbre blonde un rôle lui allant sur mesure, mettant parfaitement en valeur son côté sexy et faussement innocent. C'est d'ailleurs dans ce film que Marilyn sera à jamais immortalisée à travers la célèbre scène du métro.
Bref, si Sept ans de réflexion est un film qui aura été mis à mal par le code Hays, il n'en reste pas moins un bon divertissement. Quant à Wilder, il réussira à prendre sa revanche sur la censure et l'adultère cinq ans plus tard avec La Garçonnière.