C'est sans doute le film le plus célèbre de Marilyn Monroe car il contient la fameuse scène de la bouche de métro qui soulève sa robe, elle est entrée dans la légende et appartient à la mythologie hollywoodienne, tout comme King Kong sur l'Empire State Building, ou la course de chars de Ben-Hur. D'ailleurs, cette scène créa beaucoup d'embêtements : Billy Wilder fit bloquer Lexington Avenue à New York, où plus de 2000 curieux et des photographes du monde entier assistaient à la scène ; la panique fut telle que Wilder fut obligé de retourner la scène en studio pour un meilleur rendu.
Au-dela de ce moment célèbre, le film est intéressant parce qu'il apparait en 1955 comme une savoureuse dénonciation des obsessions sexuelles et de la frustration du mâle américain basique. Et encore, la censure étant puissante, Wilder agit en sous-main, de façon subtile pour faire passer ce message, mais les regards goguenards de Tom Ewell envers Marilyn sont explicites. De nos jours, le film a perdu un peu de cette audace, mais il reste une éblouissante comédie, où Wilder n'épargne ni les psychiatres (rapport à la scène de psychanalyse), ni les éditeurs à l'affût de couvertures croustillantes. Il se moque avec un humour tendre d'une Amérique puritaine qui s'indigne par devant et qui se fait polissonne par derrière. D'autre part, le film contient plusieurs séquences amusantes, comme cette parodie fantasmée de Tant qu'il y aura des hommes.
Tom Ewell qui avait crée le rôle dans la pièce de George Axelrod dont le film est l'adaptation, incarne donc les pulsions sexuelles refoulées de l'époux modèle américain des années 50, qui s'ennuie dans sa routine et qui s'émoustille devant une belle plante comme sa voisine d'à côté, il est à la fois jaloux et concupiscent. Quant à Marilyn, elle irradie la caméra, sa façon de monter un escalier, de porter une serviette-éponge, de troubler un plombier ou un mari qui ne demande qu'à l'être, est tout simplement unique et admirable.