Pour son deuxième film américain, le réalisateur italien Gabriele Muccino retrouve Will Smith deux ans après À la recherche du bonheur et nous embarque dans un nouveau drame humain. Comme largués dans une histoire manquant cruellement d'éléments pour une réelle compréhension du fil conducteur, nous assistons à un spectacle intriguant où un homme tente de venir en aide à plusieurs personnes inconnues dont les noms sont inscrits sur une liste en sa possession. Et si au début nous sommes complètement perdus et aigris par de multiples questions, le scénario, malin et ingénieux, va petit à petit apporter des réponses surprenantes...
Éclipsant volontairement les éléments du scénario (qu'est-ce qui hante Ben Thomas, quelle est cette promesse que son meilleur ami lui a faite ?), Gabriele Muccino parvient à tenir le spectateur en haleine tout en sachant parfaitement où l'amener. Confectionné à partir de scénettes liées entre elles, le long-métrage s'intéresse donc au parcours rédemptoriste d'un homme triste qui apporte la joie autour de lui, d'un simple représentant qui veut aider son prochain, usant pour cela de malice et d'ingéniosité. Un pianiste aveugle amoureux d'une serveuse, une vieille dame maltraitée à l'hospice, une mère de famille battue par son mari, une jeune femme fauchée sur le point de mourir...
Des personnes quelconques qui vont croiser la route du mystérieux Ben Thomas, interprété par un Will Smith tout en sobriété, bien loin de ses dernières frasques grimaçantes. À ses côtés, la toujours aussi habitée Rosario Dawson, l'excellent Woody Harrelson, les brillants Michael Healy et Barry Pepper et plusieurs autres acteurs dirigés à la perfection par le réalisateur italien. Ponctué de séquences parfois amusantes et envolées, le film reste avant tout poignant, triste, comme voilé par une morosité qui s'estompe à chaque apparition de notre héros jusqu'à un final, on s'en doutait, déchirant où tout est clairement expliqué. Œuvre tour à tour énigmatique et intelligente, Sept Vies est une surprise, un long-métrage original et passionnant porté par une galerie d'interprètes convaincants et un vent de magie inattendu. Chapeau bas.