Sorti en 1987 au cours d’une des périodes les plus inspirées de Woody Allen (qui compte « La rose pourpre du Caire », « Hannah et ses sœurs » et « Radio Days »), ce petit film intimiste et austère représente l’autre face de son œuvre, celle qui rappelle son admiration pour Ingmar Bergman notamment. Tout s’y joue dans les derniers jours du mois d’août, dans une maison secondaire du Vermont, entre six personnes dont on devine qu’ils viennent de passer un été ensemble. Des liens se sont créés, d’autres se sont défaits à jamais et tout semble caché ou secret; une panne d’électricité permettra à la lumière de la bougie de délier les langues et d’y voir… plus clair.
Avec cette atmosphère et cette unité de lieu pesantes, Woody Allen nous rappelle que le jeu des amours contrariés ne s’apparente pas toujours qu' à du badinage, soulignant les souffrances ou les fêlures de chacun de ses personnages. Mia Farrow y apparaît si fragile, littéralement sans fard, écrasée par un lourd secret familial, jusqu’à une révélation déchirante en forme de catharsis.
Quoique toujours passionnant, et évitant habilement l’impression de théâtre filmé, le propos est abrupt et déprimant, laissant entrevoir le pessimisme voire la misanthropie du réalisateur new-yorkais.