Mal et son équipage vivote comme ils le peuvent. Un jour où ils braquent une banque, la ville subit une attaque des ravageurs et le Serenity s’échappe de justesse. Parallèlement, l’Alliance a mandaté un agent spécial pour retrouver River qui est d’une importance capitale à leurs yeux. Cet agent, l’Opérateur, utilise un procédé subliminal diabolique pour la repérer.
Après l’annulation de Firefly, Joss Whedon tente de vendre sa série sous forme de film. Il trouve un studio qui accepte et se lance dans l’aventure avec l’enthousiasme des acteurs. Dans le scénario, il conclut plusieurs intrigues de la série dont celle des mystérieux et terrifiants ravageurs, ainsi que celle de la non moins mystérieuse et terrifiante River.
Mais voilà, Joss Whedon aime le malsain, la perversion et le crade. On l’avait déjà constaté (ou plutôt subi) dans la saison 6 de Buffy. Si Firefly était plutôt fun (il fallait tout de même attirer le chaland), le même revirement apparaît dans Serenity. L’équipage est beaucoup moins soudé, et l’humour bon enfant omniprésent dans la série se transforme en rivalité ou en incompréhension. L’histoire est sombre, les personnages torturés (même cette ordure d’Opérateur) et la fin inclut l’inévitable malheur. Serenity n’est plus un film comique de SF, mais bien un drame. Il est vraiment dommage que Joss Whedon construise de si jolis mondes pour leur piocher ainsi la tronche.
Idem, les intrigues amoureuses sont balayées. Exit l’idylle entre Kaylee et Simon. Pareil, Inara et Mal ne s’engueulent même plus. C’est très dommage de s’être concentré sur la trame principale, certes dantesque, mais d’avoir négligé ces petits détails qui faisaient tout le charme de ce monde.
Serenity termine en grande partie Firefly, autant qu’un film puisse conclure une série aux multiples pistes scénaristiques. C’est à la fois un soulagement et une frustration pour les fans, car, si cela dévoile enfin plusieurs mystères, cela scelle également toute possibilité de continuer cette série extraordinaire. Par ailleurs, l’ambiance glauque jusque sur le pont du Serenity est décevante, et la misère sentimentale (notamment avec la tragédie de la fin) renforce cette désagréable impression d’un parfum qui a tourné à l’aigre. Le film dévoile non seulement l’histoire, mais également l’intention première de Joss Whedon qui, à l’instar de Buffy, a mis en place un monde sympa pour le pervertir. Quel dommage !
Serenity n’en reste pas moins incontournable pour conclure Firefly et, comme la série, est devenu un film culte. À connaître obligatoirement pour tous les fans.