Un boucher sort des tripes de notre vieille France. Là où les misérables mélangent poussière et colère.
La prison ça rend couillon, ou pire, ça donne un prétexte à la haine.
Alors du coup, notre boucher, il a une dent contre le monde. Les poches vides et la tronche qui déborde de rancœur, on le renvoie chez lui, en France libre, là où il n’y voit qu’un “gros camembert qui pue”.
Il fonce tout droit retrouver sa progéniture, la seule affaire qui semble embaumer ce monde de merde. Mais chez les péquenauds, “tout droit” ça commence après un canon au bar. Et si possible après quelques coups de trique. Alors le boucher choisit de donner sa viande à la grosse patronne. Et les emmerdes (re)commencent.
L’intérêt de ce film réside dans son incapacité à justifier un tel désespoir. On est assaillis de coups de poing et de bite tout le long du film. On subit sa colère, dans son langage, traduisant sa triste manière de raisonner.
Son langage, qui, à travers de longs monologues, vient toucher du doigt certains problèmes sociaux qu’il aurait pu être intéressant d’approfondir. Mais notre personnage est couillon, crade, violent, trop con pour creuser quoi que ce soit. On nous impose une pensée abjecte, et on ferme notre gueule.
Mais j’ai trouvé ça beau. Beau parce que notre boucher dépèce ce monde avec les seuls outils qu’il possède. Beau parce que c’est dégueulasse. Parce que c’est un beau réceptacle à pulsions, pour nous, misérables bites, pauvres trous destinés à vivre seuls ensemble.
Note quotidienne aux masturbateurs de matière grise : si vous trouvez la violence de ce film gratuite, bah vous avez raison. Ce film est destiné aux masturbateurs du bas-ventre, les gros obsédés de la vie dure.