Alone in Berlin déconcerte par la facticité avec laquelle il reconstitue l’Allemagne nazie, zone de figuration où tout le monde parle anglais avec un accent allemand – même le comédien allemand Daniel Brühl est contraint de renoncer à sa langue –, ainsi que par la fausseté de l’adaptation du roman de Hans Fallada : la complexité narrative devient ici énumération de vignettes, la densité de l’écriture des personnages se dégrade en figement de chacun dans un caractère défini à tel point qu’il semble, à y bien regarder, que les acteurs jouent séparément. La mise en scène se contente d’illustrer, fluide alors qu’elle aurait dû buter et hésiter : Vincent Pérez, visiblement empêché, soumis à des restrictions qui le dépassent, emballe l’ensemble dans une forme certes regardable mais des plus impersonnelles. Le monde des duellistes (Une Affaire d’honneur, 2023) lui réussira mieux !