Seul sur mars a confirmé totalement mon ressenti sur bon nombre de films catastrophes ou de survie : dans ces circonstances, seuls les enjeux humains parviennent à m'immerger. Ce bon vieux Seul au monde sur son île avec ce ballon de foot Winston ridicule qui pourtant émeut quelques minutes (belle performance d'acteur)... Mais Gravity est depuis passé par là alors si on ne donne pas de la vraie science massive au public avec à côté une bouillie de sentiments réchauffés de synthèse (ouaf ouaf !), le succès risquerait d'en être entaché. Seul sur mars m'a constamment pris dans cette sécheresse sentimentale, cette superficialité envahissante du réel où il se croit obligé de développer chaque détail, d'insister sur chaque difficulté pour souligner combien c'est dur. Matt ne joue pas mal, mais c'est si stérile de montrer simplement sa concentration à la minute qu'il n'y a finalement aucune évolution réelle au cours de l'aventure. Exemple le plus manifeste, cette scène où son scaphandre est endommagé et qu'il le répare avec du scotch, c'est un rebondissement inutile, qui fait seulement gagner du temps avec certes des détails, mais qui n'apporte rien humainement ni après. Et là, je m'ennuie.


Les paysages sont bien sûr majestueux (de la part de Ridley Scott, c'est le minimum syndical, et j'ai donc apprécié la forme technique, jusque dans cette scène finale en apesanteur faite pour être très jolie et pas tout à fait comme Gravity même si on y pense très fort. D'ailleurs, le traitement médiatique de la foule est aussi subtil que dans Armageddon, sauf que dans ce dernier, les foules avaient une raison de se déplacer en masse. Un petit gars de chez la nasa est piégé là haut, mais qu'est-ce qu'on s'en fout avec nos crises à répétition. C'est d'ailleurs not pognon qu'on a envoyé dans l'espace, enfoirés de démocrates ! J'espère bien que ça lui fait les pieds la haut ! Et puis les conversations techniques du personnel dans la station et sur Terre, on en aurait fait péter la moitié que le film semblerait moins long. Bref, c'est aussi bancal que le dernier Exodus, techniquement assez joli, et au dessus du stérile Mission to mars. Divertissant, mais on n'y repassera pas deux fois.

Voracinéphile
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le 20 oct. 2015

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