Mars arnacks!
En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...
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le 11 oct. 2015
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Après Gravity en 2013, Interstellar en 2014, place à un nouveau film de science-fiction à gros budget avec Seul sur Mars. Le genre est redevenu intéressant financièrement pour les studios, tout en étant un candidat sérieux pour les oscars. La Fox n'a pas voulu être en reste, en adaptant le premier roman d'Andy Weir, tout en confiant la réalisation à un de ses plus grands réalisateurs Ridley Scott. Le film dépasse toutes les espérances et se permet même d'être plus captivant que les deux autres œuvres citées plus haut.
Durant une mission sur Mars, Mark Witney (Matt Damon) est laissé pour mort par ses coéquipiers, après une tempête les obligeant à quitter cette planète inhabitée. Sauf qu'il est bien en vie, mais ce miracle est-il vraiment une bénédiction quand on se retrouve et à des millions de kilomètres de la terre ?
L'aventure dure plus de deux heures et ne souffre d'aucun temps-mort. Cette belle performance est dû à un savoureux cocktail d'humour, d'émotions, d'une 3D efficace; tout comme la réalisation; d'un supporting cast solide et bien sur de Matt Damon.
La magie du cinéma opère à merveille devant cette histoire, pour que cela fonctionne, il faut évidemment un magicien. Celui-ci s'appelle Ridley Scott, un réalisateur majeur, mais qui a la fâcheuse tendance de mettre en scène des scénarios mineurs. Il n'avait pas perdu son talent, même si Exodus est une oeuvre sans saveur, cela reste visuellement réussi. Certains parlent de renaissance, pour cela il aurait fallu qu'il soit décédé cinématographiquement parlant. Sa mort avait déjà été annoncé durant les années 90, puis avec Gladiator, il a remis tout le monde d'accord, du moins pendant un certain temps. On brûle nos idoles, avant de mieux les ressusciter.
A 77 ans, Ridley Scott est bien en vie. Il est toujours capable de mettre en scène une oeuvre divertissante, comblant un public en manque d'émotions et voulant fuir le quotidien. Mais est-ce vraiment étonnant de la part du réalisateur d'Alien et Blade Runner ? Oui, si on se rappelle de Prometheus. Non, si on sait que le talent ne meurt jamais, car tel le phœnix, il renaît de ses cendres qui n'ont jamais vraiment été consumées. Il a beau avoir navigué dans plusieurs genres, il reste surtout un metteur en scène de science-fiction. Ses œuvres sont devenues des classiques, des références et si Seul sur Mars n'atteint pas leur niveau, il n'en est pas moins une grande réussite.
"Fuck" s'exclame Matt Damon en réalisant qu'il est bien seul sur Mars. Un constat terrible et pourtant, cela va être le début d'une aventure pleine d'optimisme. Alors que l'on pouvait s'attendre à un drame, mettant en scène notre héros errant seul dans les paysages arides et inhospitaliers, s’apitoyant sur son sort. On va se surprendre à sourire, puis rire devant ses tribulations. C'est un peu déconcertant au début, on s'attend à ce qu'il flanche, à ce que la réalité le rattrape et pourtant ce ne sera pas le cas. Pendant qu'il tente de survivre, en refusant de céder au pessimisme et en mettant à profit ses talents de botaniste. On s'affaire sur terre pour le ramener parmi eux. On passe d'une planète à l'autre, du rouge de Mars, au bleu de la Terre. C'est esthétiquement magnifique, mais aussi narrativement. Pendant que la NASA tente de trouver des solutions, que Matt Damon s'adapte à sa nouvelle vie, le spectateur devient un privilégié en devenant le lien entre ces deux mondes. On va sourire et souffrir avec lui, tout en ayant un espoir de le voir retrouver les siens. Cela permet d'être vraiment au cœur de l'action, alors qu'il ne se passe pas grand chose.
Du moins dans le sens spectaculaire. Non, des extraterrestres ne vont pas débarquer, ni des stormtroopers et encore moins un alien, même si Ridley Scott a tendance à ouvrir le ventre de ses personnages. C'est une aventure humaine, ce sont dans les décisions au cœur de la NASA, de ce défilé de personnages plus ou moins légèrement dingue, que se situe l'action. Mais aussi dans les dialogues et réactions. L'optimisme de Matt Damon est contagieuse, à tout problème, il trouve une solution. Il a côté MacGyver des plus séduisant. Il a beau être seul, en tenant un journal de bord, en s'adressant aux caméras et en fouillant dans les affaires de ses coéquipiers, il ne l'est pas vraiment. La plus grande menace qui pèse sur lui, n'est pas le risque de pénurie alimentaire, ou la solitude, mais bel et bien, le disco. Cela vous donne une idée de l'atmosphère qui règne dans le film et c'est très agréable.
Qui dit NASA, dit forcément esprits scientifiques à l'intelligence supérieure, mais aussi farfelues. Le casting est représentatif de ce brin de folie qui souffle par moments, selon les situations. Matt Damon est bien entendu la star du film, mais il est parfois éclipsé par ses camarades de jeu. Ils sont tous plus ou moins connus, mais ils ont un point commun des plus importants, le talent. Michael Pena est devenu un des plus solides seconds rôles du cinéma américain. Personne ne peut avoir oublié sa prestation dans Ant-Man et ici, il continue à marquer les esprits avec un rôle qui lui sied à merveille. Il en est de même avec Donald Glover, surtout connu pour la série Community et sont talent de rappeur sous le nom de Childish Gambino. Ses trois acteurs font preuve d'un irrésistible humour, même si on peut pinailler sur le côté caricatural du dernier.
Ils sont confronter à des acteurs chevronnés, tels Jeff Daniels, Sean Bean, Kristen Wiig où Chiwetel Ejiofor. Le premier a délaissé depuis un moment le monde de la comédie potache, pour des rôles plus sérieux, dont celui de Will McAvoy dans la série The Newsroom. Le second semble avoir retrouver le goût de vivre, en évitant de mourir dans ses derniers films. La troisième est une actrice comique, mais qui semble vouloir s'épanouir dans des rôles dramatiques et ce n'est pas pour me déplaire, comme dans La vie rêvée de Walter Mitty ou Her. Enfin le dernier, a enfin eu la reconnaissance qu'il mérite avec Twelve Years a Slave, qui lui a valu une nomination à l'oscar. Ils ont tous leur importance dans l'histoire. Il y a vraiment un travail sur les personnages, en ne se contentant pas de deux ou trois d'entre eux, mais de faire de chacun d'eux un pion essentiel de l'histoire. Ce serait faire offense, que d'oublier Jessica Chastain, Kate Mara, Aksel Hennie, Benedict Wong (Marco Polo) ou encore Mackenzie Davis (Halt & Catch Fire). Cela démontre la profondeur d'un casting où se mêle des acteurs connus du grand public, avec des seconds rôles qui n'ont rien à leur envier. C'est une aventure collective, dont le spectateur n'est pas exclu.
On peut regretter un manque de profondeur concernant le personnage de Matt Damon. Pas que cela soit pénalisant pour l'histoire, mais son éternel optimisme est étonnante. Il ne sombre jamais dans la dépression, ni ne semble souffrir de sa solitude, tout en ne flirtant jamais avec la folie. Certes, il se définit comme un pionner, ce qui semble le satisfaire, mais cela manque un peu de substance. C'est un peu léger, mais pas superficiel et pour un blockbuster cela devient, de nos jours, une sacrée performance. Puis, comment ne pas être en empathie avec ce scientifique à l'humour communicatif.
La musique de Harry Gregson-Williams se fond dans la beauté des plans de la planète rouge. On pouvait craindre qu'elle soit envahissante, après un début peu enthousiasmant, avant d'être en osmose avec le récit. Elle participe au plaisir que procure ce voyage sur Mars.
C'est un beau travail d'équipe, avec Ridley Scott en chef d'orchestre. On le retrouve aussi à travers les diverses intrigues de l'histoire, où chacun apporte son expérience et aide, pour sauver l'astronaute Matt Damon. L'expérience mérite d'être vécue, elle est plaisante et permet de se retrouver la tête dans les étoiles, cela n'est-il pas agréable ?
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le 23 oct. 2015
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