Les thrillers mettant en scène des aveugles, des sourds ou des muets, c'est toujours passionnant. Vivement qu'on aborde d'autres sens, comme le toucher (un type amputé de ses mains ?), le goût (un type privé de papilles gustatives ?) et l'odorat (un type privé de son nez ?).
Ça part plutôt bien, le traitement promet d'être efficace et puis... ça se barre un peu en sucette... diantre, mais quelle machination pour simplement récupérer cette poupée qui n'est rien aux yeux de cette femme. Les motivations en paraissent floues puisque passé un certain moment on se demande pourquoi les méchants jouent à ce petit jeu. Puis le retournement de situation à la fin (règlement de compte entre méchants) vient totalement de nulle part, ne fait que faciliter les résolutions finales de l'intrigue. Mais bon, au moins, il y a une belle utilisation de l'ironie dramatique (même si ça se perd à chaque fois dans un trop grand nombre de dialogues, de répétition de la même situation) ; on a même droit à une chouette confrontation finale bien que ça n'aille pas assez loin. Je pense que le lieu fait un peu défaut à l'action, mais c'est surtout le plan des méchants qui est stupide dès le départ. D'ailleurs c'est agréable de voir l'héroïne remarquer des détails malgré son handicap, ça donne un peu la satisfaction que ces types sont vraiment bêtes.
La mise en scène est un peu cheap, on ne comprend même pas toujours ce qu'il se passe tant les réactions sont parfois inadaptées ou trop théâtrales. Mais dans l'ensemble ça fonctionne tout de même pas mal. Il y a quelques scènes où la tension monte assez haut grâce à un bon découpage et à un bon rythme de montage. Alan Arkin porte plusieurs moumoutes dans ce film mais la plus ridicule c'est celle qui est censée être sa vraie chevelure. À part ça les costumes sont bons, et puis surtout les acteurs, plus particulièrement la belle Audrey qui se montre très convaincante dans le rôle de l'aveugle.
Bref, c'est vraiment pas génial, c'est un peu trop tiré par les cheveux, mais il reste de belles situations et la satisfaction d'avoir une ironie dramatique au moins un peu exploitée.