Le film est comme Johnny son personnage principal: naturel et sauvage.
On ne se lasse pas des belles prises de vue de la campagne fraîche, brumeuse, venteuse, et solitaire.
Dans ce décor loin de tout, Johnny se morfond en bossant dans la ferme familiale la journée et en noyant le soir son désespoir dans l’alcool et le sexe à la va vite.


Ce personnage - et son interprète avec lui le lumineux Josh O’Connor- est impressionnant du début à la fin: c’est son évolution qu’on va suivre avec plaisir. On débute avec un jeune homme brisé par une vie qui l’emprisonne, on sait que si on est là c’est pour le voir bouger, reste à savoir comment.


L’élément déclencheur prend les traits de Georghe, l’anti-thèse de Johnny: roumain bosseur au regard et au geste tendres.


Johnny va découvrir auprès de Georghe l’amour: d’abord celui du travail bien fait, l’attention envers les animaux, puis la tendresse sexuelle, et enfin l’affection réelle, le soutien moral puis la stabilité.
Chaque étape pour sortir l’homme/enfant de sa coquille et le révéler en tant qu’adulte se fait par petite touche, sous le regard bienveillant de Georghe, souvent sans paroles, avec des comportements, des silences bienvenus.
On comprend beaucoup de choses dans les silences dont est parsemé le film, ils en font la particularité, la beauté, et rendent l'évolution de Johnny encore plus appréciable.


Seule la terre est un film qui arrive à poser son ambiance, à prendre le temps, à nous faire ressentir le vent dans la plaine, à imaginer l’odeur des brebis, la terre qui colle aux bottes, le mal être de son anti-héros.
La maîtrise du décor, des acteurs et des vides est parfaite, et on sait qu’avec ce genre de maîtrise on pourrait rendre n’importe quel univers passionnant, on apprécie le voyage quand il est proposé de si belle façon.


On regrette d’arriver au bout de l’histoire, pas parce qu’il y avait autre chose à dire mais parce qu’on se sentait bien dans ce cheminement, et qu’on aimait vraiment découvrir les émotions naître sur le visage de Johnny.


Voilà un réalisateur et des acteurs qu’on ne manquera pas de surveiller dans leurs prochains projets.

iori
8
Écrit par

Créée

le 9 juil. 2019

Critique lue 239 fois

4 j'aime

2 commentaires

iori

Écrit par

Critique lue 239 fois

4
2

D'autres avis sur Seule la Terre

Seule la Terre
Seemleo
8

Le vrai Amour

"Seule la terre" est une oeuvre naturaliste qui sent le crottin, le lait chaud et le mouton à chaque plan. Le bain dans l'atmosphère de la campagne anglaise profonde est donc réussi. Les personnages...

le 27 janv. 2018

13 j'aime

8

Seule la Terre
Fritz_Langueur
7

Les bas et hauts du Hurlevent

Voilà un petit film plutôt pas mal fait sur le thème de la difficulté à assumer son homosexualité en milieu très rural. Mais qui hélas a grandi à l’ombre d’une abondante production aux sujets...

le 13 déc. 2017

11 j'aime

9

Seule la Terre
seb2046
7

Love in god's own country...

SEULE LA TERRE (14,9) (Francis Lee, GB, 104min) : Homme de théâtre, pour son premier passage derrière la caméra Francis Lee livre une rugueuse chronique sociale et une vibrante relation amoureuse...

le 8 déc. 2017

7 j'aime

Du même critique

Adults in the Room
iori
8

La dette qui avait trop de Grèce (ou l’inverse)

Voici un film qui illustre parfaitement une certaine idée du cinéma, celle qui permet à des orfèvres de s’emparer de sujets politiques difficiles, abscons et d’en donner une interprétation qui permet...

Par

le 24 oct. 2019

31 j'aime

Jalouse
iori
7

Le cas-Viard

Comme quoi c’est possible de faire une comédie qui force le trait sans tomber dans la danyboonite aigüe (une maladie de la même famille que la kev'adamsite ou la franckdubosquite). Karine Viard...

Par

le 14 sept. 2017

29 j'aime

9

Sur mes lèvres
iori
9

Sourd mes lèvres

C’est fou comme ça fait du bien d’avoir un vrai film “vivant”. Emmanuelle Devos m’agace parfois, mais il faut bien reconnaitre qu’elle est convaincante dans le rôle de la secrétaire effacée et...

Par

le 1 mai 2013

27 j'aime