Seuls est une nouvelle pierre à l'édifice du film de genre français. Un édifice rare qui oscille entre films réussis, (Haute Tension, Frontières, La Horde, Le Pacte des Loups, La Belle et la bête...), tentatives osées mais ratés, (Sheitan, Vinyan, Atomik Circus, Vidocq, Chrisalis...) ou nanars incommensurables, (Promenons nous dans les bois, Bloody Mallory, Brocéliande, Belphégor...).
Seuls fait partie de la seconde catégorie à savoir une tentative de blockbuster, (qui peut se décliner en saga si le film marche) dans un univers de science fiction, voir post-apocalyptique, adapté d'une BD à succès, (je ne l'ai pas lu). Une tentative osée, qui mérite un intérêt notable au niveau de sa mise en scène, de l'univers déployé, de l'atmosphère générée tout au long du film et de l'alchimie du groupe de jeunes acteurs.
Seuls raconte donc la rencontre de cinq adolescents se réveillant un matin et découvrant que leurs proches ainsi que toute personne vivant dans leur ville ont disparu. Ils vont essayer de comprendre ce qui c'est passé...
Les plans d'ensemble de la ville sont très beaux, très travaillés, le sentiment de catastrophe et de vide se ressent. Les effets spéciaux sont bien intégrés et les effets de brumes réussis. Le budget réduit se voit mais est plutôt bien compenser par ce travail décrit. On arrive à croire à l'univers et David Moreau filme tout aussi bien ses acteurs au plus proche de leurs émotions, leurs ressentis.
Pour autant toutes ces qualités sont entachées par des dialogues réduits au strict minimum et un montage trop rapide lors de discussion pouvant faire avancer l'intrigue. Qui plus est, la dernière partie (allant vers le fantastique), bien qu'abordant des thématiques très intéressantes et cohérentes,
Fascisme, société totalitaire...
avec l'univers dépeint est trop brouillonne et le film se termine là ou la deuxième voir dernière partie aurait du commencer.
Les personnages principaux de Leila, (Sofia Lesaffre) et Dodji, (Stéphane Bak), sont bien décris dans le scénario, mais leurs acolytes, Terry, Ivan et Camille sont encrés et réduits à des archétypes connus mis au rabais. L'alchimie de groupe entre les cinq fonctionne, mais est sclérosée par des dialogues minimes, voir un découpage de scènes ne laissant pas de place à plus de complicité. Du coup, une distance se créée et un grand manque d'empathie pour ma part. J'adhère à l'univers du film, à l'alchimie de groupe, mais en ce qui concerne les dialogues et le scénario sur certains aspects ça ne passe pas.
Alors certes la fin est ouverte pour une suite. Il faudrait juste un peu plus de budget et que David Moreau travaille autant son scénario et surtout ses dialogues que sa mise en scène pour un fonctionnement total. Pour le moment, c'est en dents de scie...