A Barranca, port d'Amérique du Sud, les bateaux exportent les bananes et y font une escale hebdomadaire pour les passagers. Une petite compagnie aéropostale cherche à se développer, l’équipe de pilotes défie quotidiennement la Cordillère des Andes et la météo extrême sur de dangereux coucous. Les risques permanents sont assumés et omniprésents, ainsi chaque accident mortel est oublié dès la distribution aux camarades des modestes effets personnels du défunt.
Le film en noir et blanc dégage un charme d’aventures « à l’ancienne » : les scènes d'avions maquettés sont plutôt réussies pour 1939 et produisent l’effet attendu comme les multiples traversées du "passage" guidées par le "guetteur", les atterrissages à risques ou le sauvetage de l'avion en feu par Kilgallen.
L’équipe de la société est soudée et solidaire, son quotidien respire la camaraderie masculine et s’articule autour du bar de Dodoche, du poste de radio, des chambres attenantes et d’un extérieur immédiat où on bricole les moteurs, scrute la météo changeante et guide les atterrisages sans visibilité « à l’oreille » !
Geoff, le dirigeant, en difficulté par les ennuis de santé ou les accidents de ses pilotes, devra composer avec l’escale prolongée imprévue de la pétillante Bonnie Lee, et le recrutement de Bat Kilgallen, pilote indésirable, accompagné de son épouse Judy qui n’est autre que son ex.
La finesse des rapports entre les individus est remarquable, tous les acteurs font merveille, les dialogues et répliques sont savoureux.
Belle et surprenante prestance de Cary Grant en patron directif, exigeant mais loyal, et aussi refroidi des femmes par une rupture. Jean Arthur est vraiment attachante en musicienne réjouie ou en émouvante amoureuse échouée au milieu de têtes brûlées. Le petit rôle de la jeune Rita Hayworth présage de son élégance future.
La bravoure, la solidarité et l'héroïsme n'empêcheront pas les drames dans ce microcosme de risque-touts et serviront de nombreuses scènes d'émotions tout au long du film : le guidage par radio qui n'empêchera pas l'atterrissage mortel, le transport d’un médecin sur un plateau montagneux, l’essai de livraison de nitro-glycérine, l'accueil glacial du maudit Bat Kilgallen par les autres pilotes, le don des dérisoires effets personnels des pilotes disparus, et enfin, la très réussie séparation finale.