Juste quelques premières remarques (même si cette merveille de 1962 n'a pas besoin des mes remarques de débutant):
- je l'ai enfin vu cette semaine correctement et je repense souvent à lui depuis. Quels beau personnage et film!
_il me gâche un peu le Jean-Marie Poiré, Les Visiteurs..., car j'en aime beaucoup sa scène de Cheval et son noble cavalier, effrayés et courant sur les routes goudronnées. Cette idée de rencontre et opposition me plaisaient. Des plans que je découvre hélas pas si originaux donc. Ce plan est en plus ici meilleur car il passe par exemple à côté d'une veuve fleurissant une tombe avec son (petit) fils: signe avant-coureur d'un deuil et enterrement d'une époque?
_il me rappelle des moments clé de mon Rambo : entre autres, leurs scènes d''hélicoptère et celles où on découvre soudain le passé médaillé de celui présenté avant comme "sdf", hippie crasseux etc.
- le film est bourré de sujets en transversale, qui résonnent encore de nos jours: par exemple la scène au poste de police où il questionne avoir besoin d'avoir sur lui une pièce d'identité m'a rappelé nos débats sur le récent pass covid et nos autorisations de sortie "papier" pour aller acheter son pain etc.
- le copain d'enfance en prison car soi-disant un "sale passeur" de "wetbacks" (les mexicains migrant par la rivière ont le dos mouillé) alors qu'il a donné à boire, abris et appris la langue à ces personnes qu'une fois qu'il les croisait *après * la frontière...ce qui rappelle le très contesté Cédric Herrou de nos jours et tout le débat sur "l'immigrationnisme" etc.
_le bras droit de Walter Mathau crie "Judas Priest!" qui est sous titré en + modeste et gentil "sacre bleu" ^^ (Judas Priest est un juron plus politiquement correct pour ne pas avoir à dire du mal de Jésus).
_la voiture de police code "CS3" en VO devient en Français "CS1" ce qui devient compliqué quand en Vo ils appellent le "CS1" du film...qui doit donc devenir en Français un "CS3" (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué).
_un des policiers&justicier&représentant de l'ordre..., jette sa bouteille de coca-cola et étiquette dans la nature! (pig litterbug? Belle entrée dans mon palmarés 'ils n'utilisent pas la poubelle').
- Gena Rowlands dit à son ex amoureux, Kirk Douglas (trop sauvage pour elle et qu'elle a quitté pour une vie sédentaire avec leur meilleur ami, Michael Kane: "il n'est pas un passeur d'immigrés illégaux mais les a aidés ", une fois qu'il les croisait sur les routes "après" la frontière. A cette occasion, on visualise un mini Jules et Jim dans le passé (en hors-champ).
en détails de traduction: les sous-titres parlent parfois "d'indiens" mais ça me semblent des "mexicains"/wetbacks;
et des sous-titres parlent souvent de "cowboy" quand on s'adresse à lui mais je crois qu'en VO, les haineux qui lui parlent, emploient en fait le mot "cow(-)pock" , qui est je crois plus insultant, moqueur, et surtout provoquant. Un peu, je crois, comme quand on entend chez Audiard "manard" à la place d'ouvrier.
- ce qui rappelle aussi quand Bourvil dit que Louis de Funès lui parle avec condescendance car il est un "manuel" et lui un "intellectuel": dialogue et sujets qu'on retrouve ici en moins drôle entre la maton frustré et le prisonnier; en sous titre français, il lui dit "oh l'écrivain!"...mais en VO, George Kennedy parle plutôt de "college boy", ce qui fait plus allusion au fait que l'autre a fait des études...cet autre intello qui a fait des études rappelle tous les débats récents sur les Etats-Unis lors de l'élection de Trump. Entre les diplômés et les "manards"... George Kennedy représente le ressentiment social qui commençait à s'accumuler dans ce nouveau monde?
Le duo avec son cheval d'évasion et leurs regards me rappellent le duo d'évasion dans La Vache et le Prisonnier (10 ans plus tôt). Surtout quand il hésite à le laisser.
John W. "Jack" Burns parle à son cheval comme il parlait à son copain en prison: "Je peux pas te laisser". **
**Il partage avec son copain, il partage avec son cheval et partage avec un écureuil (la scène de la pomme de pin). Burns est une sorte de Na'vi, si! si! ^^ qui aura aussi contre lui et son toruk
des armes, des militaires, des jeeps, des hélicoptères et même un avion!
**en cinéphile tardif, je croyais que Seven innovait beaucoup avec sa fin sombre et négative...or c'était donc déjà bien fait en 1962! Ce Donald Trumbo connaissant bien les coups du sort et la nature humaine était sans doute pas fan des happy-end (moins réalistes statistiquement?).
- en détail hors-champ et sonore: un témoin de l'accident demande à l'ambulancier "is he gonna make it?"/va t il s'en sortir? et j'étais abasourdi par la réponse incompétente et je m'en foutiste du soi-disant premier aidant: "how would I know?"/comment je le saurais?...on sent que les ambulanciers d'alors, étaient pas encore des 'first-aiders' médicaux, mais surtout des sortes de chauffeurs über et deliveroo d'accidentés? Dans cette scène d'ambulance,Burns m'a semblé plus un colis et poids(pour la société) qu'un patient, alors que pris en charge par le système soi-disant de santé.
- j'aime comment un seul dialogue et hors-champ dans ce film contient deux ou trois films. Quand en prison, une fois le trou fait, Burns fait miroiter à son copain ce que pourrait être leur vie s'il s'échappe avec lui: il lui décrit quasi la cabane en campagne qu'on retrouve à la fin de quelques Tom Cruise (Oblivion, Minority Report, Samouraï). Quand le papa s'inquiète alors de l'éducation de sa fille en pleine campagne sans école...les réponses de Burns/Kirk Douglas me rappellent alors celles de Viggo Mortensen en papa dans Captain fantastic montrant que ses enfants survivalistes sont mieux éduquées que les enfants soi-disant plus civilisés.
- Kane, le désormais citadin, finit par avoir un meilleur argument: il ne veut pas fuir toute sa vie avec sa famille; comme celle dans 'A bout de course' de Sidney Lumet. Un seul court dialogue et hors-champ dans ce film contient deux ou trois films; on se les visualise dans notre cinéma intérieur: fantastiques acteurs et dialogues.
- la musique quand il rentre dans la chambre d'enfant est juste déchirante (je dois aller voir qui la faite et si on la trouve).Il est quasi parrain du fils de ce couple d'amis (rappelant les enfants auxquels il a renoncés avec son style de vie?)
_j'aime le montage, peut-être parfois commentaire social?...les deux amis blancs motivés commencent enfin à scier la barre en acier mais soudainement sont endormis dans leur lit et ont été remplacés par deux mexicains qui l'appelleront "boss" alors qu'il vient de les rencontrer dans la cellule
(le sous titre dira: "les indiens sont partis" mais je crois qu'ils étaient Mexicains?)
En autre commentaire social, en passant, au début, dans la station de police, un homme est arrêté juste parce qu'il a "pas d'argent" sur lui: il dit un truc du genre "le Roi d'Angleterre n'en a jamais sur lui. S'il visite , vous l'arrêtez aussi?" (ça me rappelle la passe-droit dont bénéficient certains visiteurs et voyageurs en France aux aéroports: dont le Bourget, et "ses corruptions dans les valises" où tout le monde n'est pas fouillé etc.)
Lors de cette scène où Burns/Douglas se bat en hors-champ avec les policiers pour être certain de rejoindre en prison son ami (ce qui est pas malin, vu qu'il n'a pas de tatouage de la prison...),
on entend en hors-champ: "YOU WANT IT THE HARD WAY?!"
...qui me rappelle un des dialogues et scènes dans Rambo, dite par Jack Starrett.
_la baston/bavure policière que le prisonnier subit la nuit en hors-champ à la place du soi-disant "appel téléphonique": rappelle les scènes de Hand Cool Luke/Luke la main froide deux ans plus tôt. Paul Newman et Kirk Douglas payent alors pour une vanne qu'ils ont faites plus tôt.
_ Walter Matthau a ici un de ses meilleurs rôles: en flic/sherif consciencieux et observateur mais affligé par l'incompétence, manque d'initiative et endormissement de son équipe...
(En mini détail son: "on est pas ici pour plaisanter" lancé à son collègue allongé sur le sofa était en fait "Put that comic away"/balance cette bande-dessinée et va bosser).
(à suivre; car problèmes techniques de formatage)