Ce film se présente comme un "western moderne", dont la définition signifie qu'il ne se déroule pas à l'époque classique du western, soit à la fin du XIXème siècle ; il y en eut quelques-uns à Hollywood dans les années 60 qui préfiguraient un peu la mode du western crépusculaire entre la fin des années 60 et début des 70, je n'aimais guère cette formule un peu hybride, mais pour celui-ci, je fais exception car pour moi, il frôle le chef-d'oeuvre. Du western, le film n'a que les apparences pour mieux introduire le spectateur dans la superbe aventure imaginée par Dalton Trumbo, scénariste aux idées nobles et généreuses, comme il l'a démontré dans Spartacus. Rappelons que Trumbo avait été mis sur liste noire par le sénateur McCarthy pendant la "chasse aux sorcières", et que c'est Kirk Douglas producteur qui lui tendit la perche pour son retour dans l'industrie du cinéma afin d'écrire le scénario de Spartacus.
C'est une balade nostalgique sur la fin d'une époque et même sur la fin du genre western, dont le ton est donné dès le pré-générique qui montre un cowboy regardant passer des avions à réaction ; le contraste est déjà très fort. Le film est en fait un hommage à l'esprit de liberté des pionniers, battu en brèche par les progrès de la civilisation, ce ne sont plus les grands espaces limités par les barbelés que le cowboy doit affronter, mais des hélicoptères et des milices policières ; le héros incarné par Kirk Douglas qui livre une de ses meilleures compositions (je crois qu'avec les Vikings, c'était parmi ses films préférés), est un rebelle solitaire qui ne peut supporter les interdits et les barrières qu'elles soient morales ou matérielles, incapable de s'habituer aux contraintes de cette vie quotidienne, et sa fuite se termine tragiquement et symboliquement sur une autoroute, broyé par cette civilisation de la mécanique qui n'accepte plus ces reliques du passé, il apparait comme un élément anachronique dans un décor préfabriqué. Le réalisateur et le scénariste jouent sans cesse sur cette opposition à la fois grinçante et dérisoire entre la puissance de la police dotée d'appareils perfectionnés (mais qui peuvent se détraquer et la rendre sourde) et l'esprit de liberté qui anime le cowboy (qui lui, connait bien la nature et compte sur son cheval). Un film idéaliste et fort, au ton désenchanté et qui laisse quelque part un arrière-goût amer...

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le 21 déc. 2016

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Ugly

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