Je m'attendais à faire face à un western assez classique, à l'histoire d'un cow-boy vivant d'aventure et de liberté, refusant de s'attacher à qui que ce soit et surtout de s'installer dans un petit nid douillet. Finalement, et dès les premières secondes du film, mes a priori ont brutalement volés en éclats, ou presque. Dès les premières secondes du film, le décor est posé, tout est là, visuellement, pour faire comprendre l'enjeu du film. On y découvre un homme - Jack Burns - perdu dans une époque qui ne lui correspond pas, qu'il ne comprend pas et sur laquelle il n'a pas prise. Dès les premiers instants du film on ressent le décalage total entre le personnage et son monde, on ressent sa nostalgie pour un passé perdu.
En réalité, nous avons bien affaire à un personnage de western assez classique, qui ressemble fort à l'idée que je m'en faisais, et qui ne trouve plus sa place dans une société devenue bien trop ordonnée, réglementée et cadenassée. Le barbelé tant redouté à la fin du siècle précédent a laissé aux clôtures grillagées, la voiture a pris la place du cheval, les avions entachent le ciel bleu, les grandes étendues sauvages ont laissé place au béton et au goudron. Dès les premiers instants du film on se rend compte que l'arrivée de la civilisation - qui sera magnifiquement annoncée dans l'homme qui tua Liberty Valance - a complètement évacué le romantisme aventureux du Far-West.
Le monde est devenu terne et étouffant, trop étouffant pour Jack Burns qui cherchera coûte que coûte à retrouver sa liberté perdue et à échapper à cette société qui veut le mettre au pas.
Je pense qu'en sortant de quelques autres films du genre et surtout en m'attendant à un western typique, j'ai peut-être facilité la tâche du film. Si bien qu'aux premiers indices d'une société moderne un petit pincement inattendu s'est fait sentir. Néanmoins, même sans ça, le film est excellent, le noir et blanc est maîtrisé et Kirk Douglas au top. Ça faisait un petit temps qu'il ne m'avait plus été aussi agréable. Si je voulais vraiment trouver un défaut au film, je regretterais simplement le personnage du chef de police dont le ton a tendance à dénoter du reste du film (et aussi parce que je n'ai pas pu m'empêcher de l'associer au très mauvais Denis la malice de mon enfance...).