Seven est le deuxième film de David Fincher, après Alien³ qu'il a lui même renié, il se lance dans le thriller/film policier et le moins que l'on puisse dire c'est que c'est une réussite !
Je l'ai découvert il y'a seulement 12 ans et j'ai tout de suite accroché, je l'ai peut être trouvé un peu lent à l'époque, je sais maintenant que le réal prend son temps pour nous plonger dans cet atmosphère macabre. J'ai toujours été fasciné par ce film, je le trouve très intelligent, il pousse à la réflexion, chaque dialogue est minutieusement écrit pour interpeller le spectateur.
C'est le genre de film à ne pas voir en pleine dépression sous peine d'être encore plus mal, même s'il ne fait pas que raconter l'histoire de meurtres sordides. C'est un film qui traite de la dureté de la vie, et comment vivre dans un monde aussi moche.
Les protagonistes ont chacun leur méthode, L'inspecteur Somerset, interprété par le brillant Morgan Freeman, est un peu le sage de l'histoire, il hait le monde dans lequel il vit, il a un air antipathique alors qu'en réalité il aime les gens, il est très réfléchi dans ce qu'il fait et ne se laisse jamais emporter par ses pulsions.
Il est à l'inverse de David Mills, interprété superbement par Brad Pitt, cet homme se laisse uniquement guider par ses émotions et surtout par sa colère, le péché qui le définit le mieux. Mills est un homme qui n'hésite pas à employer la manière forte pour obtenir ce qu'il désire, malgré cela on sent qu'il aime sa femme c'est son point faible (rien qu'à voir sa réaction lorsque John Doe parle un instant d'elle).
Pour en venir à John Doe, interprété par le troublant Kévin Spacey, cet homme envieux comme il le dit, ne sait pas aimer, il est incapable de ressentir une émotion (première caractéristique d'un psychopathe), il est persuadé que ce qu'il fait est bien, qu'il débarrasse le monde de personnes horribles, alors certes ces gens avaient péchés ils n'étaient pas des modèles de vertu, mais personne n'a le droit de se prendre pour Dieu. Il parle de ses crimes comme d'une œuvre, les méthodes employées sont toujours en rapport avec le péché de la personne et pousse la torture à son paroxysme. Kévin Spacey dont le nom n'est pas spécifié pendant le premier générique (génial au passage) est la cerise sur le gâteau du film, il joue la folie avec brio, sa véritable arrivée est filmée de façon superbe, du taxi dont il sort, jusqu'au hall du commissariat et ses cris: "INSPECTEURS !" il se voulait incognito jusqu'à son éclatement au grand jour devant les policiers et surtout des spectateurs.
Pour parler de la réalisation, je la trouve à l'image du scénario, sans faille. La séquence que je trouve la mieux filmée est celle de la révélation finale, John Doe est filmé en très gros plan et en contre plongé pour montrer que malgré qu'il soit à genoux c'est lui qui domine la situation, Mills lui est perdu dans le cadre il est excentré et également filmé en contre plongé pour montrer qu'il bascule dans la colère, Somerset quant à lui est filmé de façon rapide, très saccadé, il est perdu entre tristesse, colère et folie.
La mort de John Doe clôt le film de façon spectaculaire, on se doute de ce qu'il va se passer mais ça reste toujours difficile à encaisser, car en faisant ça Mills laisse gagner le psychopathe, il va dans son sens mais je pense que n'importe quel être humain aurait réagi ainsi.
Il y'a un passage que j'adore, c'est celui de la bibliothèque, la musique de Bach est superbe, elle est amenée de façon diégétique, j'aime cette note de goût qui ponctue un montage des recherches de Somerset sur les sept péchés capitaux.
"C’est plus facile de tomber dans la drogue que d’affronter la vie, plus facile de piquer ce que vous avez envie que d’essayer de le gagner, plus facile de battre un enfant que de l’élever. L’amour par contre, ça demande des efforts, du courage..."
Pour conclure, je dirais que ce film est un monument du film noir, sa noirceur ne peut laisser personne indifférent, je ne lui trouve aucune fausse note, que ce soit les acteurs, le scénario, les dialogues, la mise en scène ou les musiques, je trouve tout cela parfait. J'en ressors toujours avec pleins de réflexions sur les gens et le monde et je suis toujours d'accord avec la phrase Hemingway qui termine le film:
"Le monde est un bel endroit, qui vaut la peine qu'on se batte pour
lui."
Enfin surtout avec la deuxième partie.