Quelle claque fut "Seven" pour ceux et celles ayant eu la chance de le découvrir à l'époque, que ce soit au cinéma ou en VHS (comme ce fut mon cas), d'assister à un des spectacles les plus pervers, les plus dérangés qui soient sortis des studios hollywoodiens. Le second film de Fincher est une plongée sans retour dans les méandres du mal, dans la folie la plus tortueuse, la crasse la plus abjecte, une toile éclaboussée par toutes les déjections de l'humanité.
Conduisant son récit avec une maîtrise indéniable, Fincher nous fait découvrir une ville imaginaire qui pourrait être n'importe laquelle, une métropole putride où la pluie ne cesse jamais, comme pour laver les péchés de ses citoyens, une cité rongée par le vice qui n'a plus rien a offrir. Aidé par la sublime photographie de Darius Khonji, Fincher créer des plans de toute beauté, tableaux dantesques transformant l'horreur la plus dégueulasse en toile de maître, flattant sans cesse la rétine du spectateur entre deux haut le coeur.
Thriller implacable, "Seven" vous prend à la gorge pour ne plus vous lâcher même après le générique de fin, tel une araignée vous piégeant dans ses filet, grâce à un scénario remarquablement astucieux où les personnages sont le coeur même de l'intrigue. Des protagonistes qui nous parlent immédiatement, loin des clichés ambulants, tous interprétés avec talent, principalement par son duo vedette, Morgan Freeman imprégnant la pellicule de sa force tranquille quand Brad Pitt étonne en flic arrogant et bouffé par la colère.
Apprécier un film aussi noir que "Seven" c'est accepter que le monde ne tourne pas rond, que l'être humain est capable du pire, que les fins ne sont pas toutes heureuses. Assister à ces deux heures que nous propose David Fincher, c'est se prendre une putain de mandale dans la gueule, c'est déguster le plus grand polar que les années 90 aient enfanté, un voyage baroque et désenchanté au coeur même de l'enfer.