S'il y a bien une question légitime à se poser une fois le visionnage du film terminé, c'est bien celle qui entoure le mal et l'horreur. Car si Fincher a débuté sa carrière dans le genre horrifique avec un Alien 3 relativement moyen, c'est bien avec son second film qu'il toucha à la vraie définition de l'horreur. Seven n'est pas un film simple à aborder dans son visionnage et son interprétation, tant la violence qui s'en dégage peut mettre mal à l'aise.
Dancing in the Dark
Un mal être symbolisé en premier lieu par une violence graphique de part la brutalité des meurtres qui nous sont présentés mais surtout une violence scénique déifiée par un réalisateur qui maîtrise un univers pourtant tellement surnaturel et invraisemblable. Une mise en scène qui contrôle tous les éléments du film, de cette pluie quasiment ininterrompue, comme pour laver ces personnages de leurs péchés, à cette photographie faisant la part belle aux ténèbres, que ce soit dans les rues d'une ville dénuée de toute émotion ou même dans les intérieurs où seules quelques lumières ponctuelles habillent les scènes. Fincher fait de l'ambiance de son film le pilier sur lequel tous les autres éléments vont s'appuyer et s'accorder ensemble. C'est ainsi que sa caméra jongle à merveille sur les focales (grands angles pour la bibliothèque, focales plus longues dans les appartements), et donc la profondeur de champ, que la musique et la bande sonore en général, tiennent une place très importante dans le liant des scènes afin de guider le spectateur vers la vérité, un peu à l'image de Mills et Somerset. Une vérité que l'on ne veut pas avouer ou accepter.
"Become wrath..."
Car elle est là la souffrance du spectateur, elle n'est pas dans les images ou même tant dans le twist final (même si ce dernier donne bien envie de vomir...), mais dans l'acceptation de ce que nous présente Fincher. Regarder Seven, c'est accepter cet univers glauque, sombre et froid, c'est accepter l'existence de personnages comme John Doe, c'est renier le sentiment de bonheur, personnifié à travers la famille Mills qui ne semble être qu'une illusion, et c'est accepter la philosophie sombre de Somerset.
Somerset et Mills, deux guides perdus au milieu de cette folie. D'un côté le vieux loup de mer, porté par un Morgan Freeman au firmament, dont le visage semble s'abimer minute après minute sous l'horreur dont il est témoin; et de l'autre, le jeune ambitieux, dont la nervosité et le manque de calme lui feront défaut. Deux personnages que tout oppose et qui devront affronter la mal incarné, jusqu'à partager la torture que représente leur enquête avec le spectateur.
Et accepter cette violence psychologique, c'est embrasser la douleur et préparer la PLS.
Si Fincher n'a pas débuté sa carrière de la meilleure des manières, son deuxième film frôle le chef d'oeuvre. Seven est un film horriblement génial, porté par deux acteurs incroyables et construit d'une main de maître par un réalisateur qui dominera le genre du thriller pendant des années. Un film à l'ambiance unique et à l'écriture géniale. Un miroir sur l'horreur de l'être humain. Magistral.