Le réalisateur, David Fincher, le disait lui-même : "plus tard, quand les jeunes en parleront, ils le désigneront comme le film de la tête dans la boîte".
Et bien je ne suis pas d'accord, je suis jeune et quand je pense à ce film, je le vois comme un des mes plus grand classiques cinématographiques même si je ne suis pas érudi de cet art. Pourtant, je me sentais obligé de faire la critique de ce très très très beau film. Beau par l'aspect esthétique (en Blu-Ray faut dire aussi, c'est pas du jeu aussi ahah), violent par le malaise général que provoque ce film chez le spectateur.
Fincher est burné, il faut le dire, le final ou même John Doe venant se rendre de lui-même à la police, c'est un retournement de situation qui nous fait vivre, nous le spectateur. Le but d'un film n'est pas d'être en mode "croisière" pour le spectateur, il doit être attrapé dès les premiers minutes, balancé contre les murs imaginaires, sentir chaque choc, se perdre, se retrouver, oublier la confiance et accepter d'être mis à mal pendant deux heures et Seven réussit cet acte, pourtant difficile avec brio.
Impossible de connaître la ville où se déroule l'histoire, on pense que c'est New-York mais impossible de savoir, impossible de connaitre le but du tueur, son visage, ses volontés, sa façon de penser. Impossible de croire que tout se terminera bien quand on sait que, dès le départ, 7 meurtres vont être commis, c'est troublant pour le spectateur.
Il n'y a pas de violence dans Seven, seulement de la violence non-visuelle et c'est là que Seven frappe fort, très fort. Bien loin des films à hémoglobines où tripes et boyaux s'entremêlent pour donner plus un sentiment de dégoût que de réelles recherche de la "peur", Seven tente par une diversion de la violence d'entraîner le spectateur dans un profond malaise moral mêlé à un sentiment de perte de repères.
La prestation de Brad Pitt est tout bonnement fantastique en tant que jeune loup "je-sais-tout" et celle de Morgan Freeman n'en est pas moins géniale tant il a le profil parfait pour jouer ce "vieux flic noir" qui, accusant alors les autres de leurs propres erreurs dans le film, cultive lui-même l'apathie devant les monstruosités qu'il doit subir au quotidien. Freeman arrive à nous faire sentir un personnage en perte de repère, en perte de confiance vis à vis de l'humanité, plus rien ne compte, plus rien n'est juste ou mauvais pour celui-ci, plutôt paradoxal puisqu'il poursuit le mal incarné pendant tout le film pour, au final, le laisser s'échapper sans pouvoir faire quoi que ce soit et sans éprouver la moindre culpabilité. "See You Monday" comme il le disait si bien.
Se7en est bien plus qu'un film, c'est une pièce remettant en question notre conviction entre l'équilibre, la balance qu'il existe entre le bien et le mal. David Fincher m'a retourné l'esprit, bravo à lui !
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