SEPT RAISONS DE (RE)VOIR CE CLASSIQUE INDÉMODABLE ?

Il y a des films qui marquent une étape charnière dans la vie d'un cinéphile et Seven en fait clairement partie. Revenons en sept points sur les qualités qui font de ce film un chef-d'œuvre du septième art.

- Commençons par le point fort de Seven, la mise en scène virtuose d'un David Fincher qui démontrait toute l'ampleur de son talent après le développement chaotique de son premier film, Alien 3. Dès le générique chaque plan se révèle d'une parfaite maîtrise et David Fincher réussit à rendre palpable l'univers glauque et poisseux dans lequel baignent les protagonistes, le réalisateur virtuose distillant son récit à travers des scènes chocs particulièrement crues et déployant un jeu de piste subtil qui sait faire monter la tension jusqu'à un final inoubliable.

- Second point, le scénario d'Andrew Kevin Walker se montre extrêmement ingénieux. La ville est représentée comme un personnage à part entière et cela joue énormément sur l'atmosphère anxiogène du film, l'opposition du vieux flic désabusé et du jeune flic idéaliste est habilement traitée et le méchant incarné par un Kevin Spacey méconnu fait preuve d'autant de perversité que de sadisme, une personnalité complexe que Jigsaw n'aurait pas renié. L'histoire se développe en maintenant un certain mystère et les rebondissements parviennent régulièrement à nous surprendre et à nous déstabiliser jusqu'au dénouement final, un vrai tour de force dans un genre pourtant très balisé.

- Troisième point, les acteurs sont vraiment excellents. En effet Morgan Freeman est toujours aussi impérial dans son personnage de vieux sage désabusé qu'on avait déjà vu dans Les Évadés, Brad Pitt parvenait en 1995 à proposer pour la première fois une véritable prestation d'acteur que ce soit dans L'Armée des Douze Singes ou dans Seven, Kevin Spacey voyait sa carrière exploser cette année-là avec deux grands rôles, celui de Seven et celui de Unusual Suspects et il offre une interprétation magistrale malgré son peu de temps effectif à l'écran et enfin Gwyneth Paltrow arrive à apporter beaucoup d'humanité à son personnage alors qu'elle reste très en retrait durant tout le film.

- Quatrième point, la musique d'Howard Shore qui parvient à donner corps à la ville poisseuse arpentée par les personnages mais surtout qui maintient le spectateur dans une tension permanente. Son Score m'a d'ailleurs souvent fait penser à celui qu'il avait réalisé pour le génialissime Le Silence des Agneaux. Ce compositeur talentueux à l'intelligence de ne pas faire des musiques trop emphatiques et propose plutôt des thèmes d'ambiance qui suggère les choses au lieu de les pointer banalement du doigt. Du grand art en somme.

- Cinquième point, il faut revenir sur les excellents effets spéciaux. Ils exploitent parfaitement les effets pratiques à base de maquillages, de prothèses et d'effets pyrotechniques, ils contribuent pour une grande partie à la crédibilité du film et ont vraiment bien vieilli contrairement à la plupart des effets numériques des années 90 qui ont pris un sale coup de vieux. C'est dégueu, c'est malaisant et c'est tout ce qu'on demande à une œuvre craspec comme Seven.

- Sixième point, la direction de la photographie et les décors. Darius Khondji propose une photographie sublime qui joue habilement sur les contrastes pour générer une ambiance parfaitement glauque et pesante. D'ailleurs David Fincher a toujours apporté un grand soin à la photographie de ses films et cela vient surement de son passé de réalisateur de clips vidéo. Les décors ne sont pas en reste et Arthur Max réussit à rendre palpable la ville imaginaire dans laquelle évolue les personnages., le niveau de détails étant vraiment impressionnant aujourd'hui encore.

- Enfin Septième point, le questionnement philosophique en sous texte se révèle aussi dérangeant que pertinent. Je tiens à préciser qu'il ne s'agit ici que de mon interprétation et je vais devoir aussi révéler un maximum de l'intrigue donc si vous n'avez pas encore vu ce chef-d'œuvre abstenez-vous de lire la suite :

Seven raconte le projet macabre d'un tueur en série qui prétend suivre les sept pêchés capitaux pour accomplir ses forfaits mais de manière plus insidieuse David Fincher interroge le spectateur sur les valeurs morales de la civilisation occidentale. En effet les victimes sont montrées comme des personnes perverses foulant aux pieds les règles du respect de soi ou d'autrui, cela nous place dans une position d'empathie avec le tueur même si nous ne partageons évidemment pas son modus operandi. Les enquêteurs sont également présentés comme des gens désabusés, ayant perdu foi en l'humanité et réduit à l'état de gratte-papier sans âmes. Ce que nous dit le film en creux c'est que notre monde moderne est en déliquescence parce que les citoyens ont perdu leur boussole morale et que le psychopathe incarné par Kevin Spacey n'est que le symptôme d'un problème bien plus profond, qu'est-ce qui se cache vraiment dessous le vernis de la société moderne et de ses nombreux travers.

Pour conclure je dirais ceci, Seven est un film culte, une œuvre puissante sur le plan formel mais aussi de part son récit qui amène à une véritable réflexion sur la civilisation occidentale et la noirceur désenchantée qui habite la plupart de ses membres. À méditer.

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le 14 janv. 2024

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