J’ai revu Seven au cinéma. Ce fut peut-être la septième fois que je le voyais, joli clin d’œil. En sortant de la salle je me suis demandé pourquoi ce film était à mes yeux d’une perfection quasi indiscutable. Certains pourraient le voir comme un très bon polar avec son twist brillantissime. C’est souvent comme ça qu’on le découvre, Seven. Comme un très bon film policier.
Mais au bout de sept (ou plus, ou moins) visionnages, il nous apporte d’autres éléments. Au final, le caractère enquête de Police n’est résumé qu’à deux ou trois scènes, presque faciles, presque caricaturales. La découverte d’un serial killer qui donne des noms à ses crimes en suivant les sept péchés capitaux, dans un épisode de CSI ça passe, mais dans un film c’est clairement ridicule. On trouve le coupable en graissant la patte d’un type de FBI qui nous mâche le boulot, on lit deux/trois bouquins qui traitent de la religion avec des reproductions de peintures de sacrifices atroces. C’est d’un cliché, vous ne trouvez pas ?
Alors pourquoi on aime Seven (oui « on », vu sa note sur ce site c’est indiscutable) ? C’est tout simplement pour ce qu’il y autour de l’enquête. C’est pour la scène du repas chez Mills avec le fou rire de Freeman, c’est pour le métronome, c’est pour l’incroyable dialogue entre Freeman et Paltrow sur la maternité, c’est pour cette putain de pluie battante dans cette ville sans nom.
C’est aussi pour sa beauté crade que l’on aime Seven. C’est le film étendard de la génération des films de serial killers dégueus. Les intérieurs sont extraordinaires de moche. Les murs suintent la crasse, les éviers sont dégoulinants de taches douteuses et pourtant les personnages principaux ont l’air très propret et sympathique. Le tout dans une obscurité déprimante digne d’un mois de novembre.
Seven met donc en lumière la contradiction de la réplique finale où Somerset nous dit être d’accord uniquement avec la dernière partie de la citation d’Hemingway « Le monde est un bel endroit qui vaut la peine qu’on se batte pour lui ». Le film nous assène donc à grand renfort d’esthétique soignée que le monde est dans ses grandes largeurs plutôt dégueulasse mais que beaucoup des personnages qui y gravitent valent le coup qu’on essaye d’y vivre le mieux possible.
Est-ce un grand cri d’espoir ou de cynisme ?
Au vu de la scène finale, j’ai mon idée là-dessus…