Après avoir vu plusieurs fois Seven encensé par les cinéphiles (notamment sur ce cher SensCritique), après avoir vu et apprécié plusieurs films de Fincher (Fight Club, Gone Girl, Benjamin Button...), je me suis dit quand même qu'il fallait vraiment que je regarde Seven, que ça faisait un peu tâche de connaître si bien la filmographie de ce réalisateur sans en avoir vu l'une des pierres angulaires. Je dois quand même dire à toute personne susceptible de lire cette critique que j'étais au courant d'une bonne partie du dénouement de ce thriller (maudit spoil) et que donc mon regard sur ce film était peut-être un peu biaisé. Même si, à mon sens, il rentre parfaitement dans la catégorie "Films qu'on doit regarder deux fois" genre Shutter Island, Sixième Sens, etc... Pour retrouver les détails que l'on a raté tout en sachant le fin mot de l'histoire. Au moins, vu que je n'ai pas aimé ce film, ça m'a permit d'échapper à un deuxième visionnage.
Je vais m'appliquer à ne pas spoiler ce film dans cette critique (ou du moins, pas plus que pourrait le faire un rapide synopsis ou une bande-annonce).
En fait, je suis "sorti" du film assez rapidement pour deux raisons.
La première, la violence des images , suggérée ou non, qui m'a dérangé. J'ai vu des films assez violents (les Tarantinos, les Winding Refn, les Old Boy et compagnie...) mais à chaque fois la violence est justifiée par l'intrigue, par le fun, par l'esthétisme. Là, franchement j'ai du mal à voir le point de vue. Quand je parle de "violent", il faut peut-être plus entendre le mot "répugnant" car en fait, je trouve ce film extrêmement laid, ce n'est qu'une succession de bâtiments miteux, de cadavres en décomposition, de blattes, etc... Vous prenez "Sin City" par exemple, extrêmement violent (et bien répugnant aussi parfois...) mais vous avez un film beau à en crever (L.O.L) et une atmosphère qui, si elle est pesante, de vous donne pas envie de dégobiller à chaque nouveau décor. Pourtant l'esthétisme de Fincher n'est plus à démontrer. On va me dire que c'est voulu, certes, pour autant, je ne vois pas en quoi cela sert l'intrigue. L'idée de base, c'est que les victimes sont dégueulasses, très bien, mais on est pas obligé de faire tous les décors infâmes sous-prétexte que c'est un film noir donc c'est nécessairement moche.
Le deuxième point, plus important que le premier, est que, si j'ai décroché de ce film (en gros, à partir du moment où je décroche d'un film, je passe le reste du visionnage à juger ce qui ne va pas, avec une mauvaise foi à en faire pâlir Lance Armstrong), c'est parce que l’intrigue n'a aucun réalisme, aucun ! "Oui mais c'est sûr que si tu attends d'une réalisme d'une oeuvre de fiction, t'es pas rendu, mon garçon..." Ok mais pour moi, qui suis un peu binaire, je le conçoit, soit on prend le parti pris de construire une vraie intrigue policière et on s'y tient, soit on part sur le fantastique et on l'annonce dès le début. La seul échappatoire possible à ce schéma est si le point de vue n'est pas omniscient mais centré sur un personnage (Mémento, Shutter Island...), auquel cas, on peut arriver à croire au film et à ses incohérences.
Mais là, à un moment du film, il est dit que le tueur a planifié son petit programme cinq ans auparavant. Je suis désolé, mais c'est trop gros pour que je puisse croire que tout ce qui se passe dans le film n'attire pas à un seul moment la curiosité d'un quidam. Et puis, les protagonistes eux-même se questionnent à plusieurs reprises sur l'état psychiatrique du tueur. Moi aussi je me pose la question, car il va être d'une froideur implacable et l'instant d'après partir dans le délire religieux. Financièrement ? Pas de soucis, il a "du cash" (dixit l'un des héros). Qui arrive à survivre 5 ans, seul, avec du liquide, tout en planifiant ses meurtres et leurs mise-en-scènes, en effaçant ses traces, sans que jamais quelqu'un ne s'interroge ou qu'il ne soit à court d'argent ? Quelqu'un sans revenu et avec ce type de dépense (loyer, accessoires, etc...), il a intérêt à vraiment partir de beaucoup de petites coupures (re-L.O.L) pour tenir 5 ans sans faire un prêt. Et encore, si je devais attaquer les incohérences de l'enquête (rien que le fait que deux types, seulement, bossent sur le cas d'un barjot qui est au rythme d'un meurtre macabre par jour, tsssss....), il me faudrait passer encore plus de temps sur cette critique que je n'en ai passé à regarder le film.
J'ai mis 3 parce que ça reste qu'en même un Fincher et que je conserve les 1 et 2 pour les "Le Baltringue" "Bronzés 3" "Astérix aux Jeux Olympiques" mais franchement, si vous voulez un bon moment de cinéma, je ne vous conseille pas Seven.