Après Alien 3 qu'il a pourtant renié, David Fincher confirme son talent. Depuis le générique glauquissime qui vous plonge tout de suite dans une atmosphère mortifère jusqu'au final terrassant, le spectateur est scotché sur son siège et malmené, tiraillé, bousculé, assommé en restant sous pression ; peu de films arrivent à ce résultat en instillant une telle atmosphère aussi nauséeuse.
Ce thriller terrorisant plonge dans les tréfonds de l'âme et laisse une impression de malaise, accentuée par des éclairages glauques, blafards, et un côté poisseux dû à la pluie incessante qui semble peser sur les 2 personnages de flics incarnés par Morgan et Brad. Je dois dire que je n'aime pas trop ce genre de sujet qui vous remue les tripes de cette façon, avec cette façon d'instiller la terreur en filmant la violence dans ses séquelles les plus horrifiques (par exemple le type resté attaché sur un lit pendant 1 an). Fincher filme l'après-tuerie en mettant à mal les âmes sensibles, ça donne un nouveau souffle au thème du serial-killer par sa façon de bousculer les codes narratifs.
Fincher restitue sans complaisance, le parcours sanglant d'un fou de Dieu qui veut purger la société en commettant 7 crimes inspirés des péchés capitaux, un manipulateur diabolique qui veut impliquer les 2 flics à ses trousses dans ses ultimes forfaits, d'où ce dénouement renversant. On en vient à se demander comment un être humain peut-il générer autant d'horreur et quels démons habitent un cerveau humain devant de telles atrocités, ce John Doe est vraiment très perturbé. Ce climat oppressant qui vous saute à la gorge comme une mauvaise odeur est constamment présent, le réalisateur nous précipite au coeur d'un malaise difficile à supporter, mais en même temps fascinant, où l'on découvre de peu ragoutants macchabées. Le cauchemar se transforme en fable mystique où Fincher brouille le jeu volontairement en noyant les repères sur lesquels on pourrait s'accrocher en même temps que les 2 flics, d'où un aspect de néo thriller au ton néo-noir jamais vu auparavant, même dans le Silence des agneaux. Les acteurs s'impliquent presque viscéralement, Fincher ne les ménage pas, ils étaient trempés jusqu'aux os, et de son côté Kevin Spacey qui n'apparait réellement que vers la fin, incarne certainement l'un des criminels les plus hallucinants du cinéma.
C'est une descente aux enfers en 7 stations, un véritable piège dont toutes les issues ont été bloquées par une mise en scène extrêmement habile et diabolique, bref un monument de virtuosité, mais assez difficile à revisionner tant il secoue et tant il s'imprime dans la mémoire, j'ai besoin de beaucoup de temps pour le revoir.