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Seven Sisters fait partie de ces films qui profitent de ce que nous nommerons « l’effet McDonald ». Vous savez, quand vous avez la même sensation de satiété sur le moment, d’avoir vécu un agréable moment, bref un sentiment de satisfaction immédiat. Pourtant lorsque votre raison reprend le dessus, très vite l’amertume vous ramène à elle. Vile Némésis de vos émotions, elle s’agrège en vous et vous met en garde : Seven Sisters est une déception. Pas qu’à la rédaction nous avions réellement misé sur le dernier né de Tommy Wirkola, mais au regard des éléments présents, il y avait matière à mieux faire.


Prenons déjà le scénario, à première vue classique (SF d’anticipation sur fond de surpopulation mondiale), il est ravivé par une idée intéressante : incarner chacune des sept sœurs jumelles par la même actrice. Même si cela entraîne quelques personnalités trop stéréotypées pour des raisons évidentes de compréhension, il faut admettre qu’à l’écran, le résultat fonctionne bien.


Deuxième point, les prémices de plusieurs critiques sous-jacentes sont intéressantes. Il y a la plus évidente, celle de la surpopulation mondiale et de ses dérives possibles dans les décennies à venir ; et puis il y en a des plus subtiles comme l’obligation de plus en plus prégnante de se munir d’un masque en société, d’une personnalité alternative pour faire face à l’entité sociétale. Il faut alors unir ce « moi » qui nous définit tous et en cacher les différentes facettes au risque de voir le politiquement correct frapper à votre porte afin d’aliéner votre liberté d’expression.


On tient probablement ici les éléments qui attiseront votre curiosité dans les 30 premières minutes du métrage. Puis, peut-être trop habitué aux séries Z ou écrasé par le poids des studios, Tommy Wirkola semble disparaître au profit du sacro-saint grand spectacle. Tout n’est plus que course, chute, tuerie, incohérences et facilités. Alors pendant que tout s’accélère, on regarde la lente chute d’une belle idée.


Au final que reste-t-il ? Le jeu de Noomi Rapace toujours excellent ; une énième dystopie caricaturale ; une méchante qui est méchante, car…visiblement il est tellement bon d’être méchant (cette dernière phrase se base sur les seuls faits disponibles dans le métrage, nous ne pourrions être tenus responsables de son idiotie) ; une cohérence qui semble avoir la gueule de bois ; un divertissant paradoxalement efficace avec le cerveau en off (probablement le point le plus ironique tant S*even Sisters* peine à convaincre) ; et une présence féminine à l’écran qui explose le test de Bechdel.


Pas de quoi bouder la séance, mais une nouvelle occasion pour la rédac de passer pour une assemblée d’élitistes chauvins au goût douteux. Soyez cléments néanmoins et rappelez-vous, nous avons pris du plaisir, promis.

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le 26 oct. 2017

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Westmat

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