Tsui Hark est un réalisateur majeur du cinéma Hongkongais et ce depuis ses débuts en tant que réalisateur à la fin des années 70. Il fait partie de ce groupe de cinéastes que les critiques locaux de l'époque ont surnommé "la nouvelle vague" bien que n'ayant aucun rapport avec le mouvement Français portant le même nom. Aux côtés de jeunes metteurs en scène comme Ann Hui ou Patrick Tam qui ont en commun leur formation à l'étranger et leurs débuts à la télévision, Tsui Hark a le désir de remettre en question les standards du cinéma local de l'époque et de s'attaquer aux archétypes. Après des débuts difficiles, il réussit peu à peu à s'imposer dans un premier temps en tant que réalisateur puis en tant que producteur, si bien qu'il devient rapidement incontournable.

Même, si contrairement à John Woo, il n'a jamais réussi à s'imposer au niveau international, du fait notamment à des films moins universels, le cinéma de Tsui Hark a toujours été en constante évolution. Il n'a jamais cessé d'expérimenter encore et encore, quitte à ce que la qualité de ses oeuvres s'en ressente, passant du chef d'oeuvre au navet d'un film à l'autre. Après un passage raté aux Etats-Unis et un retour à la maison en grande partie réussi bien que dans des conditions assez précaires, autant dire que le budget et les moyens déployés associés au nom de Tsui Hark faisaient de Seven Swords un film très attendu et prometteur.

Adapté d'un livre de Liang Yusheng, un des grands "maîtres" du Wu Xia Xiaoshuo (roman de sabre) au même titre que Jin Yong (La Légende du héros chasseur d'aigles), Seven Swords s'inspire également des 7 samouraïs d'Akira Kurosawa. Deux habitants d'un village menacé par une bande de fous sanguinaires, se rendent accompagnés d'un vieux rebelle, sur le sommet du mont Tian pour y chercher de l'aide. Il y trouve un vieux maître qui désigne cinq guerriers et leurs distribuent à tous des épées possédant des pouvoirs spécifiques. Les sept guerriers se rendent donc au village afin d'affronter l'ennemi.

C'est sur cette base de départ que Tsui Hark essaie à son tour, après Ang Lee et Zhang Yimou, de réaliser son Wu Xia Pian à gros budget. Seulement Tsui Hark a toujours été un réalisateur en marge, lorsqu'il voit que John Woo a réussi à Hollywood, il réalise Time and Tide, multipliant les attaques contre les œuvres de ce dernier (Wu Bai qui s'entraîne à tirer sur des colombes, l'anti duel héroïque lors du braquage, les répliques détournées de The Killer, le final parodique de Hard Boiled ...). Puis lorsqu'Andrew Lau réalise avec Stormrider le film qu'il a toujours voulu faire, il tourne Legend of Zu en réaction. Avec Seven Swords, il est clair que Hark se place en opposition totale avec ces Wu Xia Pian tout propres et occidentalisés qui ont contribué à promouvoir le cinéma asiatique dans le monde ces dernières années. Là où ces Wu Xia Pian utilisent des couleurs très vives et saturées, les couleurs de Seven Swords sont dé-saturées avec un ton noir orangé très sombre, là où ils développent des combats très beaux et poétiques, ceux de Seven Swords sont brutaux et barbares, là où Ang Lee et Yimou font appel à Ching Tsiu Tung et Yuen Woo Ping, deux chorégraphes utilisant les câbles à foison, il engage Lau Kar Leung connu pour ses chorégraphies plus réalistes et posées. Seulement sans s'en rendre compte, Tsui Hark n'innove pas mais au contraire revient en arrière à l'image du combat final, entre le personnage de Donnie Yen et celui de Fire-wind joué par Honglei Sun, qui n'est qu'une reprise de celui entre ce même Donnie Yen et Jet Li dans Il était une fois en Chine 2, lui-même inspiré du Martial Club de Lau Kar Leung. Il est loin le temps où Tsui Hark dictait la cadence et lançait des genres ...

Le principal défaut du film réside dans sa narration et le développement de ses personnages. A l'image du titre, les personnages du film les plus importants s'avèrent être finalement les épées par lesquelles les personnages s'affirment. Car si les épées, de leur design à leurs caractéristiques, sont une véritable réussite ; les personnages, trop nombreux, sont pour la plupart trop brièvement traités. Pour certains, comme le charismatique personnage de Tai Li Wu, son background se limite à un flashback de trente secondes lors du final du film. Alors forcément lorsque Tsui Hark filme une séquence de cinq bonnes minutes en plein milieu du film sur la détresse d'un des 7 guerriers qui ne veut pas abandonner son cheval, on ne comprend pas trop ce que ça vient faire là. Et en plus des sous-intrigues à peine esquissées, les acteurs ne font pas énormément d'effort pour incarner leurs personnages. Les interprétations oscillent entre le correct (Liu Chia Liang, Donnie Yen, Charlie Yeung) et le médiocre de l'impassible Leon Lai, fidèle à lui-même, en passant par le caméo de Michael Wong involontairement comique dont on s'attend qu'il sorte un cigare et commence à parler anglais.

Malgré ces défauts Seven Swords reste tout de même un divertissement agréable avec une photographie très réussie et des jeux de lumières superbes, une réalisation soignée mais sans la furie que l'on était en droit d'attendre, des scènes d'action efficaces et la musique d'un Kenji Kawaï en petite forme, agréable mais trop répétitive sur l'intégralité du métrage. En attendant qu'une hypothétique version de quatre heures permette de combler les nombreuses lacunes au niveau du background des personnages et du scénario, Seven Swords, en l'état, est donc un divertissement agréable mais très loin du chef d'œuvre attendu.
Ryo_Saeba
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le 2 oct. 2010

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Ryo_Saeba

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