Sex Addict par Mickaël Barbato
Ca raconte le calvaire (ou pas) d'une jeune et belle blonde armée... de sept clitos. Bon sang 7 . Alors bien sûr elle a un peu tourné nympho sur les bords. Mais ce n'est pas tout, puisqu'elle est aussi capable de pondre un mioche mal fini en moins de deux heures, excellent moyen pour décorer les congél' à la mode de chez nous . Photographe de son état, elle aime capturer ses amants lors de la jouissance, elle trouve ça artistique, on peut aussi trouver qu'on a vraiment des gueules de bourrin à cet instant précis, m'enfin bref.
Un jour, elle rencontre un homme présentant lui aussi une particularité plus qu'étrange : il est doté d'un membre à rendre fou Ron Jeremy... et surtout la bête se désolidarise de son corps ! Tout ça à cause d'un accident tragique à la naissance, un médecin ayant coupé tout avec le cordon. Sans gaule, il fallait trouver une solution, et les drogues, anabolisants etc. est celle qu'a malheureusement choisi le gars.
Sex Addict est à Teeth ce que Las Vegas Parano est à Requiem for a Dream. Ici, pas de blabla interminables sur la condition d'une bête de sexe (féminin ou masculin), pas de morale à deux balles sur les méfaits de la drogue. Ceux qui ont vu Elmer du même réal savent très bien que le gars est spécialiste pour tirer la quintessence d'une histoire complètement folle, et quinze ans après son Basket Case 3, forcé de constater que c'est toujours le cas.
Super drôle pour peu qu'on n'ai pas un balai de 30 poussé à fond dans le fondement, on peut quand même déceler une pointe de colère au sujet de l'industrie du divertissement, qui n'a jamais compris sa folie et son humour. L'héroïne aux sept clitos (sept) est engagée pour faire la promo de l'album d'un groupe de rap. Pour cela, elle photographie des femmes dont le visage est caché par un masque représentant un vagin. Et le rapeur de léchouiller le truc de façon ultra grossière et drôle (tout en lachant ça : "oh oui j'te baiserais si profond que ma bite traversera ta p'tite tête, j'enverrais ta cervelle sur un p'tit nuage"). Bien entendu, le résultat sera refusé par les producteurs, avec cette phrase que le réal à entendu tout au long de sa carrière "ça va beaucoup trop loin".
Bien entendu, on peut aussi y voir une attaque frontale au sujet de la sexualité vendue un peu partout comme une affaire de performance avant tout. Le sexe recherché par l'héroïne "la bite de dieu", comme elle le répète, est au final un truc complètement surréaliste et qui au final lui fera plus de mal que de bien... avec en prime, lors de ce final dantesque, un enfant bien dans le trip du réal. Une image finale qui résume bien tout le potentiel d'un réal qui aura vu, hélas, sa carrière foutu en l'air à cause d'un conformisme navrant du film d'horreur post-Scream. Ah, et il prouve aussi qu'on peut très bien aller loin sans montrer le viol d'un nouveau-né, c'est toujours bon de le rappeler.
Mais ce qui reste après le visionnage n'est pas le fond. C'est surtout l'humour qui tape toujours juste, les dialogues qui feront tourner de l'oeil les plus prudes tellement c'est grossier. Le point d'orgue étant trouvé lors d'une séquence complètement folle, montrant l'énorme engin partir à l'aventure chez les voisines de son propriétaire. Filmé comme un slasher dont le meurtre est l'acte sexuel, montrant une bite qui défonce les planchers pour pouvoir trouver des victimes... On est là, pantois face à une telle folie. Et ce pendant une heure et demie, fallait le faire.
Dernière chose, Henenlotter est particulièrement bon aux commandes d'un petit budget (en même temps, il n'a fait que ça). Que ce soit au niveau de l'éclairage, ou au niveau des SFX, se rendre compte qu'il a dû faire avec moins de 20 000 dollars est un choc. Et une grosse bafe pour les gros budget : pas besoin de dizaines de millions pour réussir un film.
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