Ce qui s'appelle un pitch bien perché : une jeune-femme pourvue de sept clitoris, un jeune-homme dépositaire d'un pénis monstrueux, l'isolement social pour meilleur ami et un appétit sexuel insatiable mais lourd de conséquences. Ca a l'air con dit comme ça ? Ca l'est, mais pas que : Henenlotter, pape de l'horreur underground US, revient vers ses décors crasseux pour y filmer de la fesse bien ferme mais pas forcément écervelée. Ainsi, entre deux gags, il se permet un commentaire plutôt bien senti sur la mise à l'écart d'êtres différents. Un discours qui serait facile si le réalisateur ne prenait pas le temps de nous montrer que ces soit-disant freaks, loin d'être des martyrs du XXIème siècle, sont en grande partie les responsables de leur isolement.
Tout au long du film, il n'est d'ailleurs pas interdit d'imaginer une version alternative de l'aventure où, débarrassés de leur handicap, les héros changeraient de partenaire chaque soir, se vantant mutuellement de leurs performances en dressant un tableau de chasse. Rien de tout ça ici, le film refaisant fissa un tour de piste dès qu'il atteint les limites de son petit concept. Pourtant fauché, Sex Addict se savoure sans arrière-pensée jusqu'à un acte final versant clairement dans le fantastique à l'occasion d'une matérialisation pour le moins inattendue de la libido, où cette dernière épanche sa soif jusqu'à épuisement. Fun, inventif, parfois à mourir de rire (certains dialogues sont inoubliables), Sex addict ne fait pas dans la dentelle mais demeure très exactement ce qu'il cherche à être : une parenthèse à la fois délirante, désenchantée et gentiment trash.