L'éloge du néant, le cap des deux ans et les clichés du Moyen-Orient

Salut, moi, c'est Carrie Bradshaw. Je suis une quadra qui ressemble à une quinqua qui voudrait avoir vingt ans de moins. Je suis toujours au top de la mode, partout où je vais, mais cela ne m'empêche pas d'être d'un vulgaire à rendre jalouse Nadine Morano et à faire fuir une poissonnière du port de Boulogne qui aurait vingt ans de métier. Mes copines, elles sont peut être même pires que moi. Mais qui se ressemble s'assemble, c'est bien ça qu'on dit, hein ? Certaines sont des grosses chaudasses qui veulent s'offrir au premier venu. Non, ce ne sont pas des salopes vides et superficielles. Car ce sont des femmes libérées et indépendantes qui jouissent des plaisirs de la vie.


Mon film, c'est Sex & the City 2. Le vide sidéral est son fonds de commerce. La superficialité et l'inconséquence, un art de vivre. Ce qui peut y arriver de pire, c'est qu'une jeunette porte la même robe que vous sur un tapis rouge. c'est à dire un cataclysme pire que le Big One qui menace Los Angeles. Ca rivalise avec le fait de manger une mauvaise critique de son dernier bouquin dans le New Yorker. Enfin, non. Le pire, c'est de galocher un ancien coup et de tout confesser parce qu'on se sent trop mal. Ah la la, quel malheur !


Mon film est comme moi, vulgos au point de ne pas hésiter à montrer une de ses protagonistes dans son bureau (elle travaille !), assise culotte en bas des chevilles pour rafraîchir le salsifi. Mon film écoeure du mariage (ennuyeux à mourir) et du rôle de mère (contraignant). Les rôles d'hommes sont tous de parfaits idiots. C'est normal vu que ces gros relous ne savent même pas ce dont on a besoin : briller à une avant-première dans une robe de soirée top mode qui déchire et avec un homme à son bras. Des paillettes tous les jours, c'est ce que j'attendais de mon mariage, moi ! Et que diront mes amies si je leur dis que Big et moi, on ne se voit pas deux jours par semaine ?


Mon film, il montre la femme sous son meilleur jour : toujours dans la plus belle des robes. Il faut toujours être au top de sa beauté, vous savez. Ainsi, hors de question d'être enceinte. Une mère porteuse fera l'affaire. Hors de question de déformer mon ventre plat et mes seins ronds pour un sale mouflet qui tirera dessus pour têter et me filera des vergetures. Les enfants, c'est pour les bécasses. Et les nounous qu'elles payent pour s'en débarrasser. Mon film hautement philosophique parle aussi de l'obligation de porter un soutien gorge quand on est belle et qu'on a de beaux seins lourds. Ca parle aussi de la jalousie lamentable envers les femmes belles qui ont de beaux seins lourds. Et qui ne portent pas de soutien gorge.


L'escapade au Moyen-Orient, entre clichés navrants sur les habitants et regards concupiscents sur de la saucisse australienne ou du beau basané, entre lieux communs sur la femme et gang-bang capitalistico consumériste, dépaysera la spectatrice à peu de frais, c'est la production qui paie. Tout y est baigné de soleil, comme à Los Angeles. Les immeubles sont exactement les mêmes, comme les grosses cylindrées. La débauche de richesse étalée avec un parfait mauvais goût sera, au choix, consternant ou suscitera une envie de vomir irrépressible, tout comme le couinement des gourdasses hystériques, des étoiles plein les yeux. La rousse y fera office de guide touristique pour dindes américaines aux hormones délocalisées qui ne savent même pas ce qu'est un souk. Et fin du fin, j'y retrouverai, bien sûr, un ancien coup que j'embrasserai pour me rappeler le bon vieux temps et qui me fera réfléchir sur mon couple. Dure la vie de bêtasse oisive !


Mon film, au final, il ne raconte absolument rien. Et, cerise sur le gâteau, il s'étale sur deux heures trente pour le faire. Entre superficialité, néant filmique, caquetages pseudo trash et vulgarité faussement girly en guise d'étendard qui fera fuir tout homme normalement constitué, vu le portrait très peu flatteur de la femme d'aujourd'hui qui y est dressé. Et surtout, mon film est comme moi, il est d'un niais et d'un cucul à se pendre, où la seule pénitence que j'aurais à subir, suite à mon galochage d'un autre homme que mon gros relou, c'est d'accepter une grosse bagouse hyper chère et super belle et de prononcer les voeux que je n'avais pas fait lors de mon mariage. Cool la vie de radasse sur fond de musique mielleuse à base de I love you !


Sex & the City 2, c'est aussi bon qu'un steak aux boulettes d'entre les doigts de pieds d'un sportif juste après l'effort. C'est dire à quel point c'est bon...


Behind_the_Mask, spice girl.

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le 8 nov. 2015

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