Retour vers le ... heu la nature

Sekmisja (mission sexe) date de 1984 et est polonais.

Personne n'est parfait.

Ainsi il sent déjà la fin d'une ère en faisant la critique très ouverte et non-ambigue de celle-ci, en réutilisant certains codes, en parodiant des extrêmes (le système d'organisation, la rationalisation, la perte du goût des choses simples, l'utilitarisation, le rejet du non-conformisme au plan de la société, la propagande, l'artificialisation progressive de la société et les faux-semblants qui permettent la mise en place du système) ...

Le film en lui-même commence avec une forte impression/influence psychédélique, des lumières poussées à l'extrême, une musique un peu planante, un savant fou avec une main en moins qui se déplace en fauteuil roulant. On se dit alors que le film sera forcement parodique et qu'en plus il se pourrait qu'il soit bourré de bonnes idées bien qu'il ait vieilli.

Cela ne sera pas le cas ...

Et c'est d'ailleurs bien dommage puisqu'on peut déjà s'imaginer toutes les occasions qu'auraient pu avoir les scénaristes aussi bien dans le décalage temporel, que dans les situations par rapport à cette société, à cette redécouverte mutuelle qu'appelle inexorablement de leurs voeux les libidos jusqu'ici bridées.

On sent une forte résonance avec le théâtre italien, nous suivons deux héros qui acceptent de se faire cryogéniser et se réveillent 53 ans plus tard (au lieu des 3 ans qu'on leur avait promis) dans un monde de femmes, seules à avoir survécu aux bombes M qui ont décimé les spécimens masculins sur cette planète pendant la 3ème guerre mondiale qui a eu lieu pendant leur sommeil de glaçon.
Chacun de ses héros va être dans l'excès, l'un Polichinelle/souffre-douleur impertinent qui représente la jouissance, le cynique, le goguenard, le macho; l'autre se veut plus naturel, moins sur de lui, plus inquiet, plus dévoué.

Le problème c'est que malgré une très bonne idée de base (inspirée sans doutes des travaux scientifiques nombreux à l'époque qui parlent d'une supériorité génétique de la gente féminine), avec des personnages principaux pas mauvais, le film se délite au fur et à mesure de son avancée en perdant en crédibilité, en enchainant les effets un peu cheaps, ne partant pas dans le loufoque (et donc ne s'assumant pas) et en enchainant les clichés, les blagues faciles (voir inefficaces), les incohérences scénaristiques toujours plus dérangeantes au vu du ton un peu sérieux que veut conserver le film.

J'ai donc eu des espérances et j'ai été déçu, le film a vieilli et apparait désormais assez factice et facile, on ne peut que le féliciter par contre d'avoir à l'époque réussi à passer la censure, nous ne pouvons par contre qu'espérer qu'aucun ovni d'un autre temps ne passe la notre pour surgir dans nos salles, pas assez frais, vrai ou délirant.