En 1980, l'arrivée de Cannibal Holocaust dans les salles provoque un véritable raz-de-marée médiatique, mais également un engouement du public pour ce qu'on appellera bientôt le "cannibal boom", c'est-à-dire un mouvement plus ou moins obscur désignant l'apparition de nombreux ersatz du film pré-cité dans les salles de quartier, souvent réalisés par de petites productions et avec un budget minable. Le "Sexo canibal" (alias "Chasseurs d'hommes" ou "Chasseur de l'enfer" selon les VHS françaises) qui nous intéresse aujourd'hui en fait définitivement partie.
Laissez-moi planter le décor : une plantureuse actrice (la ravissante Ursula Buchfellner) se fait enlever par une bande de truands minables dans le but d'obtenir une rançon. Ils choisissent une île (super idée...) qui se trouve être le berceau d'un culte à la gloire d'un cannibale. Et bien sûr ledit cannibale est particulièrement friand de jeunes femmes. Mettant en scène un Al Cliver conscient du navet dans lequel il tourne, le film est par beaucoup considéré comme un nanar (il a même sa chronique sur Nanarland).
Techniquement, il accumule toutes les tares des films de cannibales tournés à l'économie : effets de caméra disgracieux, forêt reconstituée dans un jardin d'hôtel, acteurs qui surjouent au-delà du raisonnable, érotisme douteux et SURTOUT une action très lente, trouée de scènes "de remplissage". Néanmoins, le métrage possède des vertus hypnotisantes typiques du réalisateur qui rendent malgré tout l'histoire regardable, et même intéressante.
Un film qui laisse le spectateur mitigé, tiraillé entre les défauts et les qualités de cette démence sur pellicule. Seuls les bisseux les plus hardcore y trouveront leur compte, mais n'importe quel curieux un minimum averti saura apprécier (dans l'optique du nanar ou non) ce "Sexo canibal" avec des potes et un pack de 24. Suite des excursions cannibalesques de Jess Franco dans le prochain acte.