Shadow
6.5
Shadow

Film de Zhāng Yì-Móu (2018)

Prenant pour toile de fond cette époque mythique qui a tant de fois inspirée la littérature puis le cinéma, la période des Royaumes combattants. Elle correspond à la Chine pré impériale où plusieurs factions s'affrontent de façon continue pour une sempiternelle lutte de pouvoir. Évidemment, il ne faut pas y chercher une quelconque véracité historique, d'ailleurs le film s'en affranchit en choisissant des protagonistes fictifs. On s'en fout d'ailleurs même si je veux bien concéder que, pour un public occidental peu familier avec ces histoires, on peut s'y perdre.


Le film surprend part son parti graphique, et cette prise de risque est un succès tant ce qu'on voit sur la toile est beau et captivant. Un niveau d'exigence visuel similaire a été apporté aux séquences d'action. Ces dernières s'inscrivent parfaitement la pure tradition du wu xia pian.


À cet égard là, Zhang Yimou puise dans les thèmes fétiches du genre : opposition entre bien et le mal, ascétisme ou jouissances. Porter par un Deng Chao,


qui s'offre le rôle du commandant et de son ombre,


le mystérieux personnage principal aussi navigue entre les complots et les coups de lame.
Je ne vais pas reprendre la fiche Wikipedia sur l'antagonisme entre le Yin et le Yang, mais il est important d'avoir ces notions en tête (et pas seulement une représentation de ce qu'on croît qu'ils sont) pour saisir les enjeux du film. À notre époque où on remet en cause l'essentialisation des hommes et femmes, le film s'aventure sur un terrain qui mérite notre réflexion. Ainsi, les deux seuls rôle féminin n'arrivent pas à sortir des poncifs tout en laissant apparaître une autre facette, plus complexe, résultat d'une écriture plus subtile.


L'auteur aurait pu se perdre entre rebondissements, retournements et révélations. Cependant, la minutie avec laquelle il a su poser son décor (tant au sens propre qu'au figuré), nous permet de suivre avec appétence le déroulé du récit. Tout cela est agrémenté d'une bande son minimaliste la plupart du temps mais grandiose quand il le faut.


Au final, cette œuvre picturale s'offre des allures de Kagemusha de Kurosawa-sama, sait rester exigeante et captivante. L'alliance maîtrisée du fond et de la forme, du noir et du blanc.

Alcalin
7
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le 9 sept. 2019

Critique lue 626 fois

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Alcalin

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