Le titre (en anglais pour une fois choisi sciemment par le réalisateur et pas par un distributeur enclin aux raccourcis faciles) annonce la couleur: le film met en lumière la cruauté du pouvoir et propose une vision désespérée de question sociale en Chine où l'on vit dans l'ombre d'un passé qui plane de façon inquiétante au-dessus d'une société sclérosée.
Comme il le dit lui-même, Zhao Dayong a puisé la matière même de son discours dans l'observation de son milieu pour arriver à cette semi-fiction aux relents bien amers. Sévère critique de la politique de l'enfant unique et de la société post-révolution culturelle, il utilise ses souvenirs les plus marquants pour dénoncer le sort fait aux femmes des zones rurales et reculées.
Dayong étant à la base spécialisé dans le documentaire, son style hyper réaliste sans fioritures s'accommode parfaitement avec les décors authentiques d'une ville laissée à l'abandon et justifie son choix de travailler avec des acteurs non professionnels eux-mêmes fortement imprégnés de la culture actuelle. Quelques gaucheries comme des fondus de fermeture maladroits ou des effets spéciaux pas très XXIème siècle n’entament pas l’apparence de simplicité de la photographie.
Tournant avec un petit budget dans le but de rester indépendant et échapper au système de censure quitte à ne pas être distribué en Chine, et soucieux de coller fortement à l'actualité qu'il dénonce, il a dû s'y reprendre à plusieurs fois pour parvenir à un résultat qu'il jugeait satisfaisant. Du premier tournage, il ne restera d'ailleurs plus qu'un seul plan. Auteur, monteur, réalisateur, il déclare développer ses compétences pour se préparer à toutes éventualité malheureuse et pourvoir faire ses films de façon autonome.