Je m’attendais à un énième contenu de plateforme sans saveur, à l’image des récents Monster Hunter, Thunder Force, Madame Claude et compagnie. Délicieuse surprise de découvrir en Shadow in the Cloud un bon petit nanar pop rafraichissant qui, à défaut d’offrir du bon cinéma, propose une petite pastille décérébrée fort divertissante.
La genèse du projet fut mouvementée : Max Landis, scénariste de Chronicle en 2012, Docteur Frankenstein en 2015, ou encore Bright en 2017, était initialement prévu à la réalisation, avant de se voir congédier en préproduction en raison d’accusations d’harcèlement sexuel (disons que ça devient récurrent à Hollywood…).
C’est la jeune réalisatrice néo-zélandaise Roseanne Liang qui hérite du bébé, et lui insuffle un délicieux côté girl power (j’en ai vu certains parler d’acte féministe, c'est un peu comme avec Wonder Woman : calmons-nous tout de même).
Le film balance entre huis clos, film de monstres et Survival. Nous suivons la jeune Lieutenant Maude Garrett embarquant par une nuit d’orage à bord d’un avion militaire en pleine Seconde Guerre mondiale. Avec elle, un mystérieux paquetage, ultra-top-secret-défense. Passagère de dernière minute munie d’un maigre ordre de mission, la voilà propulsée au milieu d’un équipage tout en muscles et en machisme, où les références sexuelles et les blagues vaseuses sont légion.
Par manque d’espace dans la carlingue, la pauvre Maude est rapidement enfermée dans la tourelle de combat située sous l’avion – ou plutôt cette épave qui se maintient difficilement en l’air grâce à deux ailes et quatre réacteurs. La première moitié du film se passera dans cet espace confiné, poste d’observation pendu dans le vide, avec la radio de l’appareil pour seul contact.
Dans Shadow in the Cloud, la première surprise vient de la nature des ennemis rencontrés durant le vol. Bien sûr, il y a l’escadrille des méchants japonais : avec un film sur la Seconde Guerre mondiale se passant au-dessus du Pacifique, rien d’étonnant. L’un des intérêts du film réside dans la nature monstrueuse du deuxième ennemi : le Gremlin.
Avant d’être popularisé par le film éponyme de Joe Dante, devenu culte de nos jours, les Gremlins étaient originellement des créatures saboteurs d'avions inventées par les pilotes britanniques pendant la Seconde Guerre mondiale. Un court métrage d’animation et d'origine, en ouverture du film, nous présente d’ailleurs ces monstres qui se sont imposés dans la culture populaire anglo-saxonne.
Ici, la créature (au design fx parfois limite) prend l’apparence d’un rongeur crochu, capable de voler en déployant des bras palmés.
Avec sa durée fort heureusement condensée (un peu moins d’1h30), les nombreuses péripéties de Shadow in the Cloud tiennent le spectateur en haleine. Et les scénaristes n’ont vraiment aucune limite ! C’est avec un plaisir un peu coupable que l’on découvre certains rebondissements, en s’écriant des « non, ils n’ont tout de même pas osé ! » et des « c’est vraiment n’importe quoi », un sourire ravi en coin.
A ce titre, mes moments préférés sont sans aucun doute l’escalade tête en bas de la carlingue, le colis en bandoulière, et ce pur moment de folie où Maude tombe dans le vide, avant d’être renvoyée dans l’avion grâce au souffle de l’explosion de l'appareil japonais en-dessous d’elle !
Deux éléments nous font par ailleurs passer un réjouissant moment.
Tout d’abord le jeu tout en muscles de Chloë Grace Moretz qui incarne Maude, une actrice jusque-là principalement cantonnée dans des seconds rôles, mais qu’on découvre ici en brute épaisse prête à tout pour protéger son paquet.
La seconde est la musique électronique entraînante et fascinante, façon Drive. Une musique qui marque et qui, à elle seule, vaut le détour.
Pour conclure, Shadow in the Cloud est un gentil nanar qu’il faut prendre au troisième ou au quatrième degré, sans prétention aucune si ce n’est faire du grand n’importe quoi scénaristique avec des avions, des gremlins et une nana badass. Le petit bonbon parfait quand on est un peu fatigué de sa journée et qu’on souhaite se faire un film sympathique, en ayant au préalable déconnecté son cerveau.