Surtout connue pour son cultissime "Recherche Susan désespéramment" (enfin culte surtout pour les fans de Madonna à vrai dire), Susan Seidelman s'est illustrée dans d'autres comédies mais toutes plus ou moins tombées dans l'oubli, comme celle-ci sortie en 1989. Comédie qui n'a d'ailleurs pas très bonne presse, enfin des notes plutôt moyennes quoi, alors qu'elle est franchement sympathique !
Adapté du bouquin "The Life and Loves of a She-Devil" de Fay Weldon, le film nous narre la vengeance d'une femme au foyer sur son mari et la maitresse de ce dernier, riche écrivaine de roman à l'eau de rose à succès. Comédie finalement assez féministe, notamment pour l'époque puisque déjà écrite par une femme puis adaptée par une femme et enfin portée par deux actrices à succès (enfin Roseanne Barr à l'époque du moins, pour sa série "Roseanne").
Eh oui car même si les deux femmes ne s'entendent pas et ne se lient jamais d'amitié, c'est même plutôt l'inverse, elles finissent en tout cas par se liguer contre le personnage masculin qui en prend pour son grade et qui est de toute manière dépeint comme un profond connard ! C'est en effet un homme opportuniste, qui saute sur tout ce qui bouge et qui escroque ses clients. Loin de l'image du mari idéal de banlieue donc et c'est d'ailleurs cette image de parfaite petite famille nucléaire que les deux femmes (l'écrivaine et la réalisatrice) s'amusent à faire voler en éclat.
Ce que je trouve particulièrement jouissif puisqu'après la scène tragi-comique du dîner raté (encore une fois, le film en profite pour tourner en dérision cette image lisse de l'american way of life, qui tend justement à évoluer à partir des années 80 surtout dans les rapports homme/femme), nous assistons à la véritable rébellion, à l'émancipation de la femme au foyer jusque-là repliée sur elle-même, ses tâches ménagères, ses gamins et surtout le dévouement envers son mari a priori parfait. Et à partir de là, on se dirige vers la comédie acerbe, parfois sombre mais surtout très drôle (et notamment lorsque Mary Fisher doit gérer sa nouvelle vie de famille, aidé par l'excellent jeu de Meryl Streep). Et plus important, on ne perd pas de vue le discours féministe puisque Roseanne (enfin son personnage) monte une boite avec une autre femme pour aider les femmes un peu paumées ou qui ont été trahies comme elle, ce qui va d'ailleurs l'aider dans sa quête de vengeance.
Alors oui, certes, le film n'est pas toujours très subtil, autant dans son humour que dans son propos mais ça fait aussi partie du côté presque cartoonesque du film, notamment amené par son aspect camp, ses personnages ultra caricaturaux (mais pour mieux s'en moquer) et cette grande maison rose bonbon.
"She-Devil - Le Diable" n'est donc certes pas la comédie de la décennie mais est tout de même assez bien écrite (notamment avec des dialogues savoureux) et bien réalisée pour nous permettre de passer un très bon moment !