Peu après avoir interprété par trois fois le Dr Watson, Patrick Macnee, immortel John Steed de Chapeau Melon et Bottes de Cuir, devenait rien de moins que Sherlock Holmes !
Alléchante découverte que ce téléfilm mettant en scène un acteur si populaire et si inattendu dans le rôle du célèbre détective de Conan Doyle !
D'autant que le scénario ne manque pas de quelques pépites !
On rappelle au spectateur que, contrairement au main stream mettant en scène Irène Adler après Un Scandale en Bohème, La Femme est bien devenue l'épouse d'un avocat et se nomme désormais Irène Norton. Et ce n'est là que le moindre des rappels érudits du téléfilm au texte holmésien en général.
Mieux encore, on assiste à la résurrection du Pr Moriarty ! Pas au retour, à la résurrection. Donnant une admirable suite au Dernier problème, Le Chien de Londres a su trouvé la solution à l'épineux problème de la mort de l'ennemi de Sherlock Holmes, d'ordinaire remplacé au débotté par son acolyte Moran ou d'autres génies du crime. Le Moriarty de ce film, Jack Macreath (dans son unique rôle au cinéma), est tout bonnement excellent ! Le portrait craché de la gravure de Paget !
Il occasionne une jouissive partie d'échecs opposant les deux ennemis mortels, Watson pour arbitre, aidé par une photographie bien sentie.
En cela, Le Chien de Londres passionnera les inconditionnels de Patrick Macnee et apparaîtra comme une bonne suite donnée aux deux nouvelles fondamentales des aventures holmésiennes que sont Un Scandale en Bohème et Le Dernier problème, tout en évoquant Le Ruban moucheté (presque à outrance !).
Mais hélas, le téléfilm n'est pas exempt d'un certain nombre de défauts.
Ceux inhérents aux téléfilms, bien-sûr: un décor et une mise en scène théâtrale soumis au budget de ce genre de production. Une bande sonore tantôt trop enlevée, tantôt trop épique mais souvent placée au mauvais moment.
Mais le plus déplorable, c'est le rythme.
Peu adepte des critiques sur le rythme des films, force est de reconnaître à votre serviteur une certaine lenteur à un téléfilm qui se rattrape comme il le peut par quelques moments de bravoure:
L'assassinat manqué de Sherlock Holmes, par exemple.
Cette impression de lenteur vient aussi, malheureusement, d'un Patrick Macnee toujours vocalement fringuant mais plus fatigué physiquement. Ses gestes sont souvent lents, sa démarche épuisée et son Holmes a bien besoin d'être sauvé par Watson et Irène. N'étaient quelques sursauts, Patrick Macnee confirme qu'il est un bien meilleur Watson qu'un véritable Sherlock Holmes et l'on aurait pu sans peine imaginer son comparse au nom rappelant l'illustrateur du Strand dans le rôle du résident du 221b Baker Street.
Une belle curiosité qui vaut sacrément le détour mais qui reste un téléfilm poussif, un peu maladroit et par instant soporifique...