Shimoni
Shimoni

Film de Angela Wamai (2025)

Venu du Kenya, Shimoni est le premier long métrage de Angela Wanjiku Wamai, une monteuse aguerrie. Au vu de son sujet, le récit semble s'orienter vers la rédemption d'un homme qui vient de sortir de prison et auquel le curé de son village natal va donner une seconde chance. C'est peu dire que le scénario est bien plus complexe que cela, créant avec une esthétique très travaillée une atmosphère trouble et étouffante, nocturne, notamment, qui se marie parfaitement avec la psychologie torturée de son personnage principal. Avec ses non dits, les lourds silences des uns et le bavardage des autres, avec un mélange des langues, anglais et swahili, qui caractérise chacun de ses protagonistes, Shimoni a des allures de conte tragique, au sein d'un village qui abrite un monstre (ou peut-être deux, qui sait ?). Au-delà de son intrigue dramatique, le film est aussi une chronique rurale, dont les habitants se nourrissent de rumeurs, accueillent l'étranger avec curiosité, suivent les préceptes de la religion mais sont aussi prompts à réagir et à condamner plutôt qu'à pardonner. Shimoni se situe à l'opposé de nombreux produits calibrés qui envahissent régulièrement nos cinémas. La réalisatrice n'a pas choisi la facilité en racontant une histoire très noire, qui plus est en ne l'explicitant que progressivement, mais c'est justement cette exigence, que l'on pourra également qualifier de minimalisme profond, qui n'est pas un oxymore, qui en fait tout le prix.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Au fil(m) de 2025

Créée

le 20 janv. 2025

Critique lue 22 fois

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 22 fois

Du même critique

As Bestas
Cinephile-doux
9

La Galice jusqu'à l'hallali

Et sinon, il en pense quoi, l'office de tourisme galicien de As Bestas, dont l'action se déroule dans un petit village dépeuplé où ont choisi de s'installer un couple de Français qui se sont...

le 28 mai 2022

79 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

79 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

73 j'aime

14